PALEOBIOS , 15 / 2007 / Lyon-France ISSN 0294-121 X

Les blessures de guerre à la fin du Moyen Age ¹ 

   Ali Bacha Rabah ² ³

 

1- Cet article est le résumé d’un mémoire de DEA ( Ali Bacha Rabah, 2004 ), augmenté de données nouvelles collectées dans le cadre d’une thèse qui sera prochainement soutenue (Institut de Recherches Historiques du Septentrion, Université Charles de Gaulle-Lille 3).

2 - Contacts [ mail : bacha.rabah@numericable.fr / courrier : Mr Ali bacha Rabah, 1 impasse Marceau, 59390 Lys Lez Lannoy / tél. : 06.03.98.90.14].

3 - Chercheur associé au Laboratoire d’Anthropologie Anatomique et de Paléopathologie, Université Claude Bernard-Lyon 1 .

 

Résumé  :

Cette étude a pour objectif de placer au premier plan le corps du combattant médiéval à travers les blessures qu’il pouvait subir sur les champs de batailles des XIV et XVèmes siècles. Nature des blessures, quantité et qualité des soins apportés en réponse, seront placés au cœur d’ un débat dont la portée est à la fois historique et chirurgicale.

Mots clés :

Blessures, guerre, Moyen-Age, chirurgie, chroniques médiévales, paléopathologie.

 

Abstract :

War injuries at the end of Middle -Ages  

The aim of this study is to put in the foreground the médieval fighter’s body Through the injuries he could suffer on the battlefields in the XIVth and XVth centuries. The nature of the injuries, the quantity and the quality of the care given in response, will be placed at the heart of a debate whose scientific scope is both historical and surgical.

Key Words :   Injuries, war, Middle-Ages, surgery, medieval chronicles, paleopathology   

 

1 -Introduction

 

De nombreux travaux ont déjà porté sur la guerre et sur le combattant au Moyen Age : les chercheurs se sont intéressés aux armes offensives et défensives, aux techniques de combat, à la tactique etc ... Néanmoins, l'historiographie est bien souvent restée muette sur l'enjeu principal du combat : le corps du combattant et les traumatismes occasionnés lors de l'affrontement. Pourtant dans toute carrière militaire, la blessure reste un passage inévitable : chocs, entailles, chutes, coupures, membres fracturés ou même perdus.

Deux études apportent une première ébauche allant dans ce sens :

  • Pierre André Sigal (1991) : "Les coups et blessures reçus par le combattant à cheval au XII et XIIIème siècle". Cette étude fournit un aperçu très intéressant sur les blessures subies par les combattants. Cependant, l’auteur ne s'appuie que sur des sources littéraires et n'étudie que le cas du combattant à cheval, soit une   partie seulement des armées présentes sur les champs de bataille médiévaux.
  • Alain Mounier Khun (2006): "la chirurgie de guerre : le cas du Moyen-Age" .Il s’agit d’une   étude plus moderne et plus complète dans laquelle sont traités, de manière très détaillée, les soins apportés aux blessés lors des combats.

 

Compte tenu de cette historiographie, le problème des blessures pourrait se poser autour de deux axes majeurs :

  • L'aspect traumatologique de la blessure : description des différentes types de blessures, localisation corporelle, étiologie des blessures (rapport entre agent vulnérant et partie du corps touchée), efficacité des coups portés.
  • Les soins portés aux blessés : les soignait-on ? Si oui, qui soignait, comment et avec quelle efficacité ?

                                  

Les sources permettant de traiter le sujet sont plus nombreuses qu'on ne pourrait le croire. Elles sont variées et surtout très complémentaires :

  • Les sources littéraires des XIV et XVème siècles (chronique, mémoires, « livres de faits » ...) décrivent les combats souvent de manière très colorée. Elles apportent des éléments très importants pour la connaissance de la blessure, ainsi qu'une idée assez précise de l'organisation des soins fournis aux blessés et du sort de ces derniers. On pourrait ici citer les écrits de Jean Froissart, Enguerrand de Monstrelet, Olivier de la Marche, Philippe de Commynes ou encore le Journal du siège d'Orléans.
  • Autre source fondamentale : l’ostéoarchéologie, support de la paléopathologie. Des   études, rares   mais   précieuses, ont été réalisées sur des ossements de combattants retrouvés sur d'anciens champs de bataille : l es charniers découverts sur ces sites nous offrent essentiellement des informations traumatologiques de blessures : nature des blessures, datation ante/peri et post-mortem , localisation et efficacité des coups portés. Les deux études les plus importantes sont celles réalisées à :
    • Wisby : site d’une bataille ayant opposé en 1361 les danois aux Gotlanders.
    • Towton : lieu d’une fameuse bataille livrée en 1461 lors de la guerre des deux Roses ( V.Fiorato, 2000).
  • Les sources comptables (comptes municipaux ou recette générale des finances princières ou royales) nous fournissent des informations fondamentales sur la gestion des blessés : mise à disposition de chirurgiens, mires, médecins et autres magiciens pour accompagner les troupes au combat, indemnisations personnalisées pour des combattants blessés ayant eu des frais pour se soigner, achat de produits chez les apothicaires pour soigner les blessés...
  • Enfin, les traités de chirurgie de la fin du Moyen-Age offrent des descriptions non-négligeables de blessures subies par des combattants et surtout les traitements proposés. Nous pourrions citer les travaux d' Henri de Mondeville, chirurgien de Philippe le Bel et Louis le Hutin, ou encore Guy de Chauliac et Jean Yperman.

 

2 - Aspect traumatologique des blessures

 

2.1 - Nature des blessures subies par les combattants.

Les blessures reçues au combat étaient variées et fonction de multiples facteurs :

  • l’agent vulnérant
  • la puissance du coup porté
  • l' orientation du coup porté
  • la localisation de la blessure
  • l’objectif de l'assaillant (affaiblir ou tuer...)

Les sources archéologiques et notamment les travaux réalisés à Towton et, il y a plus longtemps, à Wisby, permettent de différencier trois grands types deblessures selon les armes qui les ont occasionnées.

 

      2.1.1 - Les blessures par instrument coupant, tranchant ou de taille  (fig.1)( V.Fiorato, 2000, p.101)

 

  Figure 1 :  Exemple de blessure cranienne peri-mortem par instrument tranchant *

 

 

  * Croquis de l'Auteur

 

Le crâne représenté est celui Towton 25 (25ème individu retrouvé dans le charnier de Towton). Il présente deux blessures principales provoquées par une arme tranchante. Ces deux entailles ont été définies par les archéologues anglais comme des blessures peri-mortem ayant entraîné la mort :

  • la première ( fig.1,1) a été causée par une attaque de face, le coup étant porté de droite à gauche (l'adversaire étant très certainement droitier) et de haut en bas ( l'assaillant étant plus grand que la victime ou situé sur un lieu plus élevé). L'entaille d'une rare profondeur s'étale sur une longueur de plus de 10 centimètres.
  • la seconde ( fig.1,2) est concentrée sur le pariétal, il s'agit donc d'un coup porté dans le dos de la victime.

Cette seule illustration permet de comprendre à quel point les coups portés par arme tranchante pouvaient s'avérer extrêmement dangereux.

Les chroniqueurs nous présentent souvent dans leurs récits des blessures similaires. Mathieu d'Escouchy ( T.II, p.41) n ous cite souvent le cas du capitaine anglais John Talbot qui, en 1453 à la bataille de Castillon reçu   « un cop de dague en la gorge, il eust une tranche au visage et fut fort bléchiez de trait par les cuisses et les gambes  ». Talbot fut donc atteint de manière un peu similaire à celle dont fut tué « Towton 25 ». Le lendemain, un de ses valets dût aller le reconnaître sur le champ de bataille mais n'y parvint pas car « il était fort deffait par la tranche qu'il avait au visage  » ( Ibid, T.II, pp.42.43 ).

Pour la petite histoire, Olivier de la Marche ajoute même que pour l'identifier le valet dût glisser ses doigts dans la bouche de la victime afin d'y retrouver certains espaces laissés libres par des dents perdues!

 

2. 1.2 - Les blessures par instrument contondant ou de choc

 

Ce type de blessure était aussi redoutable que celui décrit ci-dessus. Il résultait de l'utilisation d'instruments de choc : marteaux ou masses d'armes, pommeaux d'épée, coup de poing (avec appui du gantelet), projectiles (ex. : pierres lors de sièges). Outre ces instruments de chocs, les nombreuses chutes (de cheval ou d'une échelle d’assaut par exemple) pouvaient également provoquer d'importants écrasements crâniens ainsi que des fractures de membres.

 

  Figure 2 : Exemple de blessure cranienne peri-mortem par instrument contondant (Towton 11)*( V.Fiorato, 2000, p.97)

 

  * Croquis de l'Auteur

Towton 11 présente trois grosses blessures contondantes peri-mortem (fig.2). La première est centrée au niveau du temporal gauche de l'individu. La dépression circulaire laisse penser que la victime a subi un coup par arme de choc. Les deux autres blessures se situent au dessus de l'oeil gauche et sur le côté gauche de la mandibule, toujours par outil contondant. Le fait que les trois coups aient été portés sur la partie gauche du crâne de la victime nous permet d'envisager que, là encore, l'adversaire était droitier.

Ces coups provoquaient souvent la mort, ou engendraient de grosses séquelles, si la victime avait la chance de survivre. Olivier de la Marche cite également un combattant dont nous n'avons pas le nom, qui au siège d'Audenarde en 1452 « reçeut un coup sur la tête d'une masse crestellée, il ne fut point occiz mais il eust moult de playes et dont fut longuement malade» ( TII, p.240) . Le seul fait qu' il insiste sur le fait que la victime ne fut pas tuée par ce coup, nous laisse imaginer que dans la majorité des cas, il en était autrement pour ce type de blessure.  

 

2.1.3 - Les blessures par instrument perforant

 

Ces blessures se définissent par la pénétration d'armes ou d'objets dans le corps :

  • armes de jet : carreaux d’arbalètes, flèches d’arc
  • armes de taille utilisées en estoc : épées ou dagues
  • armes classiques d’estoc : lance, épieu, bec de marteau, hallebardes…


  Figure 3 :  Exemple de blessure cranienne peri-mortem par instrument perforant *( V.Fiorato, 2000 , p.99)

Towton 9

 

Towton 41

  * Croquis de l'Auteur

Ces deux crânes sont ceux de Towton 9 et 41 (fig.3). Le premier présente une perforation au niveau du temporal droit, provoqué d'après les archéologues anglais par un bec de marteau de guerre. Il s'agit là aussi d'une blessure peri-mortem.

Towton 41 présente de son côté trois perforations sur le sommet du crâne. Les coups auraient été provoqués par une hallebarde, le fait qu'ils soient tous les trois situés sur le somme du crâne laisse penser que le combattant était au sol et qu'il a été victime d'un acharnement de son adversaire.

Les sources littéraires mentionnent quantité de blessures par perforation. On citera, en particulier, la célèbre blessure reçue par Jeanne d'Arc à Orléans lors de l'assaut des Tournelles. La Chronique de la Pucelle nous dit que : "Jeanne fut blessée dès le matin d'un coup de trait de gros garriaux, par l'espaule tout oultre. Et elle-même se deffera et y fit mettre du coton et aultres choses, pour estancher le sang" (p.292).

La Pucelle survécut à cette blessure, mais elle provoqua et provoque encore aujourd'hui un vaste débat historiographique puisque certains écrits de l'époque mentionneraient une prédiction de   la victime.

 

2.2 - Localisation corporelle des blessures subies  

Un autre point fondamental lié à la traumatologie des blessures réside en leur localisation. Quels étaient les membres les plus touchés au combat ? Quelle était la partie du corps la plus exposée aux atteintes : inférieure ou supérieure ? Gauche ou droite ?

 

2.2 .1 - Répartition des coups selon les parties du corps (tableau 1)

Dans ce tableau   le corps humain est divisé en cinq grandes zones : tête, cou-gorge, tronc-poitrine, membres supérieurs (bras, main, épaule) et membres inférieurs (jambes-pieds). On y reprend cinq études afin d'essayer de déterminer si une zone du    corps est effectivement plus touchée que les autres.

Les sources littéraires mentionnent 125 cas de blessures dont on connaît la localisation précise de l'atteinte, les sources comptables ( Recette générale...) présentent 32 cas d'indemnisations octroyées à des combattants blessés pour lesquelles on a également l'information du membre touché, pour Towton, nous avons 172 références. On peut ajouter les 125 cas d' Alain Mounier Khun (2006).

 

  Tableau 1 :  Tableau récapitulant le nombre de blessures en fonction de la partie du corps atteinte

Partie du corps atteinte

Sources littéraires

Sources comptables

Références Alain Mounier-Khun

(2006)

Towton

Références Pierre André Sigal (1991)

 

Tête

43(34.40)*

2(6.25)

48(38.40)

129(75)

(75)

Cou/Gorge

13(10.40)

0

9(7.2)

 

11(6.40)

?

Tronc/Poitrine

20(16)

0

32(25.60)

?

Bras/Main/Epaule

22(17.60)

11(34.38)

15(12)

 

32(18.60)

 

?

Jambe/Pied

34(27.20)

19(59.38)

21(16.80)

?

Total

125

32

125

172

?

                     * Les valeurs entre () sont des %.

2.2 .1.1 - Les blessures à la tête

Au vue des différentes sources exposées ci-dessus, il est incontestable que la tête semble avoir été la cible principale au combat. Toutes les sources citées dans le tableau semblent concorder, sauf les sources comptables. Cela peut se comprendre assez facilement. Les sources comptables mentionnent comme nous l'avons dit 32 cas d'indemnisations pour combattants blessés. Or pour prétendre à une indemnisation, un blessé doit survivre à ses blessures.

Les blessures à la tête, au cou, à la gorge ou encore à la poitrine étaient majoritairement mortelles, contrairement aux blessures au bras ou à la jambe. Cette réflexion nous permet donc de comprendre pourquoi on ne retrouve que 2 cas à la tête, aucun au cou et au tronc, et un si grand nombre sur les membres inférieurs et supérieurs.

Pour les autres sources, la tête représente donc 25 à 75% des atteintes. A Towton, sur 28 crânes retrouvés, 27 présentaient des traces de blessures. Neuf d'entre eux portaient des blessures ante-mortem, signifiant une survie de plusieurs années à ces atteintes. Sur ces 28 crânes, on cumulait un total incroyable de 129 blessures, soit près de 5 par crâne. L'un d'entre eux présentant 13 blessures peri-mortem, illustrant un réel acharnement de l'adversaire.

 

2.2 . 1.2 -Les blessures au cou et à la gorge

Le nombre de cas semble assez faible, il est souvent proche de 10 % des atteintes suivant les sources. Contrairement aux autres membres, cette zone ne représente qu'une faible surface vulnérable et   risque donc d'être moins touchée.

 

2.2 . 1.3. - Les blessures au tronc et à la poitrine

Les atteintes varient de 16 à 26 % suivant les sources : le tronc et la poitrine sont donc nettement moins blessés que la tête. Deux raisons peuvent être suggérées : la première est que cette zone renfermant bon nombre d'organes vitaux était fortement protégée. La seconde est que toute la partie abdominale ne comporte pas d'ossements et ne permet donc pas, dans une étude de paléopathologie, de retrouver des traces de blessures, les parties molles du corps ayant   disparu. Les 11 blessures retrouvées à Towton au cou et au tronc sont donc très certainement bien inférieures à la réalité. Les références soutenues par les sources littéraires sont certainement bien plus fiables.

 

2.2 . 1.4 - Les blessures aux membres supérieurs

Selon les sources, elles représentent 12 à 35 % des cas. Le bouclier fournissait sans doute un bon élément de protection.

L'étude de Wisby offre une réflexion très intéressante puisqu'on y trouve une distinction entre radius/ulna (avant bras) et humérus (bras). Les archéologues ont dénombré environ 50 % de coups en plus pour l'avant bras. On peut envisager deux raisons : la première est que, pour un combattant désarmé, dresser son avant bras pour se protéger la tête est un réflexe naturel, ce qui expose de manière accrue le radius et l'ulna. La seconde est que,  au cours du combat chaque avant bras joue un rôle précis, soit en tenant le bouclier, soit en tenant l'arme offensive, et par conséquent, chacun est plus rapidement la cible de la contre-attaque de l'ennemi. 

 

2.2 . 1.5 - Les blessures aux membres inférieurs

Toutes les sources sur lesquelles s'appuie cette étude mentionnent un plus grand nombre de blessures aux membres inférieurs qu'aux membres supérieurs. A Wisby, les archéologues ont même dénombré quatre fois plus de blessures à la jambe qu'au bras.

Les sources littéraires décrivent surtout les blessures reçues par les « grands » au combat, qui sont le plus souvent des cavaliers. Or, ces derniers subissaient énormément d'atteintes aux jambes par les fantassins qui essayaient de les mettre au sol. Ceci peut en partie expliquer les différences entre membres inférieurs et supérieurs pour les sources littéraires. De plus, contrairement aux bras, les jambes ne disposent pas de bouclier, elles sont donc plus exposées.

Enfin, les jambes présentent certains os ne disposant d'aucune protection musculaire ou molle pouvant retenir les coups. C'est le cas par exemple du tibia où l'on retrouve aussi bien à Wisby qu'à Towton un très grand nombre d'atteintes. Sur les fouilles réalisées à Wisby, 65 % des traces de blessures retrouvées à la jambe sont concentrées sur le seul tibia. Là encore les sources archéologiques sont à utiliser avec une certaine précaution.

 

3.2 - Répartition des coups selon le côté du corps atteint

Ici, seules les sources archéologiques fournissent des éléments significatifs. En effet, les sources littéraires et comptables sont peu précises quant à la localisation gauche/droite de la blessure. Les résultats fournis par les fouilles de   Wisby et de Towton sont clairs : le côté gauche du combattant était plus souvent atteint que le côté droit. Cela semble logique, le monde médiéval, comme celui d’aujourd’hui   présentait une grande majorité de droitiers, or un droitier portait logiquement ses coups sur le côté gauche de son adversaire. A Wisby, 69 % des blessures à la tête sont concentrées sur la gauche du crâne, et 58 % des blessures post-crâniennes sont également réparties sur la gauche du corps.

Le schéma réalisé par les archéologues de Towton (fig.4) représente la répartition des blessures crâniennes peri-mortem par instrument contondant retrouvées sur les 29 crânes. On dénombre indiscutablement une large supériorité des blessures sur le côté gauche, ce qui concorde bien avec les chiffres avancés à Wisby.

Figure 4 : Répartition des blessures craniennes peri-mortem par instrument contondant retrouvées à Towton*( V.Fiorato, 2000, p.97)

* Croquis de l'Auteur

 

2.3 - Etiologie des blessures

Existe-t-il un lien entre la localisation des blessures et les armes les ayant provoquées ?

 

2.3.1 -    Les armes de taille  

Même si ces armes peuvent être orientées vers toutes les parties du corps, elles semblent toucher en majorité la tête. Les sources concordent assez nettement avec cette thèse :

  • Pour ce qui est des sources littéraires, sur 23 blessures à la tête ou au cou, 11 ont été assenées par des armes de taille.
  • A Towton, 65 % des blessures crâniennes ont été provoquées par des outils coupants
  • Enfin, Pierre André Sigal ajoute qu'au combat à pied, pendant les joutes, 75% des coups d'épée ont été donnés à la tête.

 

2.3.2 -    Les armes d'estoc

On retrouve dans ce sous-groupe les armes classiques d'estoc telles que la lance ou la pique, mais aussi les armes de taille pouvant être utilisées pour l'estoc comme l'épée ou la dague. Ces armes s'orientent le plus souvent vers le thorax ou l'abdomen, dont on essaye de percer l'armure. On note, dans les sources littéraires, de nombreuses mentions d'yeux crevés. La plus célèbre pour notre période est celle de Jean du Luxembourg, qui lors de l'attaque de la forteresse d'Allibaudières en 1420 eut la mauvaise idée de lever la visière de son bassinet pour mieux voir, il reçut aussitôt un coup de lance dans l'oeil dont il perdit l’ usage.

 

2.3.3 -   Les instruments contondants

Les blessures par armes contondantes sont surtout concentrées à la tête et aux membres supérieurs. Les masses et marteaux d'armes étaient conçus pour asséner des coups d'une rare violence au crâne, mais on peut noter également que les coups portés par les pommeaux d'épées ou par gantelet s'opéraient plus facilement sur la partie haute du corps, en particulier la tête. A Towton toutes les blessures par instruments contondants sont concentrées sur la tête et le bras.

 

2.3.4 -   Les armes de jet

Les arcs, arbalètes et autres armes de jet comme les pierres n'ont bien entendu pas d'objectifs corporels « de prédilection ». Sur les champs de bataille, les blessures par flèches ou par carreaux d'arbalète sont le plus souvent le fruit du hasard, ainsi que le montrent bien les descriptions faites par les chroniqueurs lors des grandes batailles comme Crécy ou Azincourt. Une nuance doit tout de même être posée concernant les sièges. Lors de ces affrontements un peu particuliers, les archers et autres arbalétriers disposent de plus de temps et d'une bonne vue de l'ennemi pour mieux viser. La preuve, en est fournie par les sources littéraires qui montrent que 50 % des blessures provoquées par armes de jet le sont à la tête ou au cou, cible privilégiée pour la mise à mort.

 

2.3.5 -   Les armes à feu

Ces armes arrivent en Europe à partir du début du XIVème siècle. Les techniques pour viser sont, à l’origine, moins élaborées que pour l'arc ou l'arbalète. De plus, les armes à feu n'avaient pas pour vocation de cibler une partie corporelle précise mais plutôt un groupe d'ennemis. Pour toutes ces raisons, les différentes parties du corps étaient touchées sans réelle préférence.

 

2.4 - L'efficacite des coups portés

Une dernière question concerne l'aspect traumatologiques des blessures : quels étaient les risques mortels encourus par les combattants blessés ? Deux perspectives de réponse : selon la localisation corporelle et selon les agents vulnérants.

2.4.1 - Selon la localisation corporelle

   Tableau 2 :  Tableau récapitulant le nombre de blessures mortelles en fonction de la partie du corps atteinte

Localisation

Cas Recensés

Cas Mortels

%   des cas mortels

Tête

33

14

              42

Cou/gorge

13

11

85

Tronc/poitrine

20

13

65

Membres supérieurs

22

2

19

Membres inférieurs

34

10

29

TOTAL

122

50

41

 

Ce tableau reprend 122 cas de blessures mentionnées par les sources littéraires des XIV° et XV° siècles dont on connaît la localisation corporelle et l'effet mortel ou non. .

  • Pour la tête, on retrouve 14 cas sur 33 de blessures mortelles, soit environ 42%. Ce chiffre peut s'expliquer par une bonne protection des casques de l'époque (bassinets ou salades) qui atténuent les coups portés et donc leur efficacité. Ceci peut aussi mieux faire comprendre l'acharnement de certains combattants, observé à Towton (dont nous avons parlé plus haut) qui allaient jusqu'à asséner 13 blessures aux crânes de l’adversaires pour être certain de l’avoir tué. Autre chiffre de Towton qui prouve la possibilité de survivre aux blessures crâniennes : 9 crânes sur 28 présentaient des traces de blessures ante-mortem totalement cicatrisées, subies très certainement lors de combats antérieurs.
  • Pour le cou et la gorge, les données sont bien différentes. En effet, 11 cas sur 13 présentent des blessures mortelles, soit 85%. La cause est bien sur physiologique puisque ces zones corporelles renferment des vaisseaux sanguins importants qui une fois touchés ou sectionnés provoquent inéluctablement la mort. Il s'agissait bien souvent pour les combattants d'une cible pour la mise à mort lorsque l'adversaire était à terre. Citons à titre d'exemple le cas de Charles de Blois à la bataille d'Auray en 1364 qui eu la gorge transpercée d'un coup de dague. Autre exemple mais qui illustre un rare cas de survie, celui de Charles le Téméraire à Montlhéry en 1465. Philippe de Commynes nous raconte : « Le comte eust plusieurs coups, et entre les autres un en la gorge d'une espée, dont l'enseigne lui est demeurée toute sa vie »(p.66).
  • Le tronc et la poitrine présentent 13 cas sur 20 de blessures mortelles soit 65%. Il s'agit d'une partie du corps regroupant beaucoup d'organes vitaux qui une fois touchés provoquent la mort dans la plupart des cas. D'ailleurs, beaucoup de chirurgiens de l'époque se refusaient à soigner certaines de ces blessures connaissant leurs faibles chances de réussites. Henri de Mondeville en cite certaines, celle au :« coeur, oesophage, poumons, estomac, foie, rein, diaphragme ». A titre d'illustration, Georges Chastellain nous décrit la mort du duc de Clarence en 1420 lors de la bataille de Baugé : « Charles le Bouteiller lui bouta l'épée au ventre plus d'un piet dont il mourut aussitôt » (p.74).
  • Les blessures aux membres semblent, logiquement,   les moins mortelles : les bras et jambes ne contiennent pas d'organes vitaux.Pour rappel, les sources comptables présentaient 30 cas sur 32 d'indemnisations pour combattants blessés aux membres, donc pour combattants ayant survécu à leurs blessures. Les sources littéraires confirment cette thèse. On ne cite que deux cas sur 22, de blessures aux membres supérieurs ayant entraîné la mort mais ceci est   à nuancer puisque les combattants concernés avaient subi d’autres blessures. Pour les membres inférieurs, on retrouve quand même 10 cas sur 34 de blessures mortelles, soit 29%. Les membres inférieurs pouvaient subir de grosses entailles pouvant provoquer une forte effusion de sang (artère fémorale) et donc la mort si la plaie n'était pas vite consolidée. Ainsi les Chronique de la Pucelle narrent la blessure subie par Jacques de Harcourt en 1428 au siège de Parthenay : « on luy perça les deux cuisses d'une lance dont il mourut peu après » ( p.255) .

2.4.2 - Selon les agents vulnérants  

Hiérarchiser les armes selon leur efficacité semble un exercice assez difficile.

Les sources comptables manquent logiquement de précisions dans la description des blessures, l'archéologie reflète bon nombre de blessures peri-mortem sur le même individu, mais il est difficile d'établir laquelle provoque la mort.

Les sources littéraires fournissent un certain nombre d'exemples mais qui restent insuffisants pour établir des hypothèses solides.

Concernant les armes à feu, on retrouve 13 cas sur 16 de blessures mortelles. Comme nous l'avons expliqué plus haut, ces armes sont nouvelles à l'époque et marquent par conséquent les esprits des chroniqueurs qui ne décrivent que des exemples spectaculaires. Citons le cas du comte de Salisbury en 1428 à Orléans et de Jacques de Lalaing au siège de Poucques qui reçurent un coup mortel à la tête par veuglaire [pièce d'artillerie en usage aux XIV° et XV° siecles] .

On retrouve également un certain nombre de blessures mortelles par armes de jet (arcs, arbalètes). Il semble que le carreau d'arbalète provoquait un peu plus souvent la mort que la flèche d'arc, peut être à cause d'une plus forte pénétration dans le corps.

Pour les armes d'estoc, de taille ou de choc, nous ne disposons pas assez de cas pour établir un tableau réellement fiable : à noter cependant, que 100% des blessures  par dague (4 cas) sont mortelles. Ce nombre est surtout lié à l'utilisation de l'arme comme outil de mise à mort que l'on plantait très souvent dans la gorge de l'ennemi ou sous les aisselles rarement protégées.

 

3 - Les soins aux blessés

 

  3.1 - Soignait-on les blessés à la fin du Moyen-Age ?

Toutes les sources décrites dans le paragraphe introductif concordent sur l'existence de soins donnés aux combattants blessés [1]. Les sources littéraires décrivent régulièrement des scènes de soins prodigués surtout à de grands personnages, les comptabilités royales, princières ou encore communales mentionnent des « salaires versés » à des chirurgiens, mires, médecins ou autres barbiers pour soins donnés aux troupes. Les traités de chirurgie (Roger de Parme, Guillaume de Salicet, Henri de Mondeville ou encore Guy de Chauliac ) nous expliquent ce que la science médicale pouvait apporter aux combattants touchés et citent bon nombre d'exemples concrets [2].

L'archéologie semble abonder dans le même sens. En effet, comme nous avons pu le constater plus haut, certains corps présentaient à Towton des traces de blessures ante-mortem. Neuf crânes sur 28 retrouvés possédaient des blessures complètement cicatrisées et surtout sans aucune trace d'infection. Il s'agissait d'entailles, de perforations ou de coups [reçus lors de batailles bien antérieures (plusieurs années)] qui avaient donc bénéficié de soins efficaces avant que leurs porteurs ne soient finalement tués à Towton. Un crâne présentait d'ailleurs cinq blessures ante-mortem totalement cicatrisées.

  Figure 5 : Blessure ante-mortem de la mandibule par instrumentl tranchant (Towton 16)*( V.Fiorato, 2000, p.95)

 
* Croquis de l'Auteur

Bien entendu l'accès à des soins de qualité était très aléatoire : il dépendait du rang du personnage mais également du niveau chirurgical de l'intervenant. A lain Mounier Khun , dans son ouvrage sur la chirurgie de la guerre médiévale indique trois facteurs fondamentaux quant aux conditions permettant à un blessé de recevoir des soins : l'existence de moyens humains à proximité des troupes, de moyens matériels (pansements, compresses, lieux pour soigner) et la situation dans laquelle se trouve le blessé : est-il prisonnier ou non ? Si oui, a-t-il des chances d'être mis à rançon ...?

3.2 - Qui soignait ?

Il est évident qu'à la fin du Moyen-Age, les troupes n'étaient pas systématiquement suivi par un personnel médical et qui plus est compétent. Les chefs de guerre ne se posaient pas toujours la question des soins qui devraient être apportés aux blessés : soit par ce qu'ils ne s’en souciaient pas, soit parce qu'ils ne disposaient pas de financements suffisants, soit parce qu'ils n'avaient pas trouvé de soignants.

Ainsi les sources littéraires nous décrivent de nombreux exemples de combattants blessés ne pouvant disposer de soins qui, par conséquent, meurent sur place de leurs blessures ou   sont contraints de faire des dizaines de kilomètres pour être soignés. Le cas de la mort de Robert d'Artois illustre parfaitement ce propos. Ce personnage du parti anglais est assiégé à Vannes en 1342. Il y est très durement blessé, il doit fuir à Hennebont pour être soigné mais la qualité des soins est bien insuffisante : « Si demora messires Robert d'Artois un temps bleciés et navrés, si com vous avés oy. En le fin, il lui fu consilliet et dit, pour le mieuls mediciner et garir, qu'il s'en repairast en Engleterre, car là trouveroit il surgiiens et medecins à volonté » ( J. Froissart ).

Froissart nous conte ensuite son départ pour l'Angleterre et sa mort quasi-immédiate à son arrivée sur l'île à cause d'une traversée longue et mouvementée. Cependant, bon nombre d'autres exemples bien connus prouvent que dans bien des cas les troupes étaient suivies par au moins un chirurgien ou médecin. Les villes flamandes semblent avoir très vite développé l'assistanat chirurgical pour leurs blessés. En effet, dès le XIIIème siècle, les milices communales étaient suivies dans leurs campagnes par des médecins ou chirurgiens pourvus d'un salaire convenable, de chevaux, de médicaments et de chariots destinés à transporter matériel et blessés. Deux chirurgiens très célèbres s'inscrivent dans cette ligne : Michel d'Oudenbourg à Bruges et Jean Yperman à Ypres.

En ce qui concerne la France, on retrouve également bien souvent mention de personnels médicaux accompagnant les troupes. Nous pouvons citer le célèbre Henri de Mondeville , chirurgien de Philippe le Bel et Louis le Hutin, qui décrit de manière remarquable certaines situations délicates auxquelles il a été confronté sur le terrain, en particulier comment extraire un trait qui a traversé une armure : " Quant à la manière d’extraire les dards fichés dans le corps d’hommes qui ont des armures  : ceux seulement qui adhèrent à 1’armure, puisque l’on a suffisamment parlé de la manière d’extraire ceux qui n’y adhèrent pas, il faut savoir que les uns adhèrent fortement à l’armure, les autres moins fortement (...) S’ils apparaissent suffisamment en dehors de l’armure, s’ils sont grands et fichés dans des membres nobles ou dans des régions dangereuses, et l’on redoute un grand écoulement de sang, qu’ils adhèrent ou non à l’armure, la manière de procéder doit être la suivante on préparera d’abord ce qui est nécessaire pour la plaie, et un armurier avec ses instruments enlèvera prudemment et délicatement l’armure, ou bien la lacérera après avoir auparavant coupé la hampe du trait, pour qu’elle ne le gêne pas dans son opération ensuite on retirera le trait, en supposant ce qu’il faut supposer. Il y a à ce procédé deux raisons la première, la crainte que, si on arrachait dès l’abord le trait, il ne survienne un jet impétueux de sang que l’armure empêcherait d’ arrêter la seconde raison est la crainte que le trait, une fois arraché de la chair, ne puisse être séparé de l’armure, et que n’étant plus maintenu par les tenailles et revenant vers le corps, il ne pénètre de nouveau dans la première plaie, ou par suite d’un mouvement de l’armure ne fasse une nouvelle blessure à côté de la première. Il peut se produire ainsi un écoulement de sang ou une piqûre dans la première blessure, ou bien deux plaies au lieu d’une, et parfois un écoulement de sang en même temps que deux plaies ".

Du côté anglais, il semble que l'organisation médicale était plus systématique et plus structurée que celle des français. En effet, on retrouve à partir de la seconde moitié du XIVème siècle un enrôlement régulier de chirurgiens et médecins auprès des troupes, peut être l'épisode tragique de Robert d'Artois avait marqué les esprits ? Les troupes d'Outre-Manche qui sillonnaient la France se trouvaient en terre hostile et se devaient de s'auto-équiper médicalement. L'exemple le plus frappant est celui de Thomas Morstede et William Badwarden, chirurgiens anglais, à qui l'on demanda de constituer des équipes médicales pour l'expédition de 1415, certains historiens avancent même l'hypothèse que quelques membres de ces équipes furent enrôlés de force.

Ernest Wickersheimer cite également, en 1926, un document très intéressant allant dans le même sens. Il s'agit d'une réclamation d'honoraires de chirurgiens strasbourgeois adressée aux magistrats de la cité. Ils auraient suivi les troupes de la commune lors de la bataille d'Héricourt en 1474 et prodigué des soins aux combattants, soins décrits dans la pièce avec, à chaque fois, le nom du bénéficiaire et le coût.

Bien d'autres exemples prouvent l'emploi de « medici  » au sens large, lors de batailles rangées, mais également lors des sièges.

La guerre de 100 ans fut avant tout une guerre de siège et l'on rencontre très souvent dans les registres de comptabilité des dépenses pour salaires de « medici » ayant officié lors d'une telle occasion. Ainsi les comptes de la ville d'Orléans mentionnent, lors du siège de 1429, des salaires versés à Thomas Murgier, chirurgien, Jean Chevillon Barbier ou encore Geoffroy Drion, apothicaire pour avoir soigné des combattants blessés lors d'escarmouches ( J.du siège d'Orléans ).

Malheureusement pour les troupes, les personnels médicaux n'étaient pas toujours à portée de main. Nous pouvons donc penser que dans la majorité des cas, les combattants blessés en étaient réduits à leurs seules ressources. L'hypothèse selon laquelle ils disposaient de quelques connaissances de base pour traiter des plaies par exemple, n'est pas à exclure.

En effet, les sources littéraires citent parfois des soins de base prodigués par des hommes d'armes. L'exemple le plus parlant nous est à nouveau fourni par les Chroniques de Jean Froissart. . En 1356, lors de la bataille de Poitiers, James Audley est grièvement blessé à la tête et à la poitrine, alors : « le prirent les quatre escuier qui le gardoient, et le amenèrent moult faible et fort navrés au dehors des batailles dalés une haie, pour li un petit refroidier et esventer, et le désarmèrent au plus doucement qu'ils peurent, et entendirent à ses plaies bander et loiier, et rekoudre les plus périlleuses » ( p.46).

Les quatre écuyers semblent donc avoir des connaissances de bases quant aux soins des plaies : nettoyer, lier et recoudre. La blessure était le quotidien des hommes d'armes, les chirurgiens n'étant que rarement présents à leurs côtés, il paraît très logique qu'ils aient appris à se soigner d'eux-mêmes.

Nous retrouvons également dans de rares cas, mentions de l'intervention de soignants extérieurs venant soutenir des blessés. Il semble qu'à Crécy des moines soient venus secourir des combattants français blessés.

 

3.3 - Les conditions d'accès aux soins

La possibilité pour un combattant blessé d'être soigné dépendait également de la situation dans laquelle il se trouvait au sein de la bataille : était-il prisonnier ou non ? Si oui, quelle politique était définit par l'ennemi : mise à rançon ou mise à mort ?

Il est évident que pour tout homme d'armes blessé, il valait mieux ne pas être prisonnier si l'on voulait avoir de réelles chances d'être soigné. Pour cela se développait dans les champs de bataille une certaine solidarité, visant pour secourir des compagnons atteints.

Ainsi, en 1369 lors de la bataille du Pont Lussac, les français défont les anglais, ces derniers sont menés par Edouard Clifford qui déclare :“avons ci des nostres blessés et navrés que nous ne poons laisser derrière” ( J.Froissart , T XII, p.204-205).

Ce capitaine conscient des risques de mise à mort encourus par ses hommes à terre décide de leur venir en aide avant la retraite.

En effet, le sort des prisonniers était rarement enviable : très souvent la mise à mort était systématique, surtout lorsque la haine de l'ennemi était exacerbée.

Ce fut le cas à Crécy où des coutilliers anglais furent   envoyés après le combat sur le champ de bataille pour “terminer le travail”. Néanmoins, certains blessés pouvaient espérer une mise à rançon leur permettant d'être soigné par l'ennemi.

En 1444, la ville de Metz est assiégée par les troupes de Charles VII. Le compte de Jean d'Ancey, trésorier de la ville, mentionne des dépenses occasionnées pour le soin des blessures des prisonniers : “le XVIIIème jour de janvier, pour les estoffez et salaire de plusours prisonniers qui sont esteit en l'osteil de Joffroy le doien, lesquel il ait gairis de plusieurs blesseures” ( Arch.mun.Metz ).

Le soin des prisonniers blessés ne rimait pas toujours avec survie et donc possibilité de mise à rançon. Ainsi, on peut rencontrer à travers les sources littéraires des récits très cocasses. En 1364, au siège de Sancerre, Jean Aimeri est grièvement blessé et capturé par Guichard Aubergeon qui souhaite le mettre à rançon : “ le prit et mit grand paine à le sauver, le bouta en la ville en une maison et le fist jetter sur un lit et dist à l'oste : “gardez-moy bien ce prisonnier et soigniez qu'il soit estanchié de sa plaie, car il est bien taillé, se il demeure en vie, que il me paie XX M. frans” ( J. Froissart , p.104-105). Guichard Aubergeon, heureux de sa capture, repart au combat. Néanmoins à son retour, et à son grand désarroi, Jean Aimeri gît sur le lit dans une mare de sang car les valets chargés de s'occuper de ses blessures l'ont laissé saigné. 

Les lieux où étaient traités les blessés étaient multiples et variés. Nous l'avons vu avec James Audley, le premier endroit pouvait être à l'écart de la bataille. On sortait le blessé de la presse, une fois ce dernier à l'abri des combats, on lui portait les premiers soins.

Mettre à l'écart un combattant blessé pouvait s'avérer très difficile, ainsi des hommes de rang n'hésitaient pas à nommer des valets pour cette tâche. En 1382, Pierre de Blois est blessé à Commines : “Il eust été mort sans remède, se ne fust ses gens à force, ceux que il avait ordonné pour son corps, trente fois gros varlès, qui le prissent entre leurs bras et le portèrent hors de la presse” ( J. Froissart, T XI,P.23).

Lorsque les blessés ne disposaient pas de moyens humains et matériels pour être soignés sur place (suivant les raisons évoquées plus haut), ils étaient emmenés vers divers lieux où ils pouvaient espérer être traités. Leur transport s'effectuait en litière ou chariot.

Ainsi en 1408, Guillebert de Lannoy et le seigneur de Commines sont blessés près de Liège et ramenés en Brabant sur une charette : “Je fus blechiet en ung piet et en ung bras ramené avecq monseigneur de Comines aussi blechiet en une charette à Nyvelle en Brabant” .

Les blessés sont emmenés pour être soignés vers des forteresses, ce fut le cas de Jean Chandos en 1370 : “Il fu de ses gens désarmé moult doucement et couchiés sus targes et sus pavois, et amenés et aportés tout le pas à Mortemer, la plus proçainne forterèce de là” ( J.Froissart , T.XII, p.206).

Il pouvait arriver qu'un combattant blessé soit soigné au domicile d'un chirurgien. Ce fut le cas en 1377 pour Damas de Buxeul qui reçu une indemnisation du duc de Bourgogne   après avoir été se faire soigner chez Maître Thibaud  le chirurgien” ( B.Schnerb , 1988, Annexes III).

Les établissements religieux comme les abbayes ou les monastères pouvaient également être réquisitionnés pour le soin des combattants blessés. Nous avons constaté plus haut que ce fut le cas lors de la débâcle française à Crécy, il en fut de même par exemple pour Jean de Croy, bailly de Hainaut qui fut en 1436 blessé par des traits anglais à Gravelines et qui alla se faire soigner à l'abbaye de Licques ( E.de Monstrelet , p.237).

Qu'en était il de l'accès aux hospices pour les combattants blessés ? A la fin du Moyen-Age, les statuts des hôpitaux et hôtels-Dieu marquent une ferme volonté à ne pas accepter les gens de guerre, dont la présence semble incompatible avec la bonne marche des établissements. En effet leur vocation première était de venir en aide aux pauvres et non de soigner des blessés de guerre. Tout cela reste pure théorie, beaucoup d'indices tendant à nous prouver que dans la pratique, des blessés de guerre ont pu être admis dans de tels établissements.

Annie Saunier cite dans les “recepts d'aumosnes” de l'hôpital Saint-Gervais de Soisson des sommes perçues sur la revente d'équipements militaires. Ainsi, les compagnons d'un homme d'armes décédé dans l'établissement auraient racheté “housiaux, haubregon et baudre ( p.43, note 166).

Henri Leclair abonde dans le sens d'Annie Saunier. Pour lui, il était pratique courante que des gens de guerre envoient leurs blessés vers des hospices proches après une bataille. Il s'appuie notamment sur l'attaque de Thérouanne orchestrée par Maximilien en 1479. Ce dernier aurait en effet envoyé des blessés vers des hôpitaux lillois dont Saint Julien. On en retrouve des traces dans la comptabilité de l'établissement : “A Hubert Denis, receveur de l'hospital Saint Julien, que par lesdits eschevins a été ordonné ausdit hospital pour le sallère d'une femme, qui, avec les serviteurs et les meisines dudit hospital a eu la garde de plusieurs compaignons de guerre et autre qui furent navez à la journée devant Thereuwanne (...) XII livres (...) A maistre Gerard David, chirurgien, pour son sallaire d'avoir visité, pancé et gary un pauvre compagnon qui avait esté navrey à la journée de Thereuwanne (...) VI livres” ( H.Leclair , 1925).

Même s'il est difficile d'en évaluer la quantité, il est indiscutable que de nombreux soldats blessés aient été admis au sein des hospices. Cette pratique était certainement improvisée, notamment après des débâcles inattendues. Monstrelet note qu'après Azincourt : “Les navrey à mort alèrent mourrir es bonnes villes aux hopitaulx et ailleurs” ( E.de Monstrelet ).

Qu'en était-il enfin des hôpitaux militaires ? Aucune source médiévale ne semble faire référence à une telle organisation. La première mention qui en est faite date de la toute fin du XVème siècle avec les fameux hôpitaux de la reine Isabelle la Catholique dont le chroniqueur Fernando Pulgar nous parle. Les combattants disposaient pour la première fois de tentes, de lits, de matériels et personnel médical uniquement destinés à soigner leurs maladies et blessures.

 

3.4 - Un exemple d'organisation de soin des blessés : celui de la maison de Bourgogne

  Comme pour toutes les autres maisons princières ou même royales de l'époque, il est difficile de parler ici de véritable organisation de soins pour les blessés de guerre. Le seul document permettant d'envisager un semblant d'organisation pour assister les blessés nous est fournie par Olivier de la Marche dans son  “estat de la maison du duc Charles de Bourgogne” ( IV, pp. 1-95). Il y décrit le manque de chirurgien au sein de la maison pour soigner les blessés de Bourgogne et affirme : “Pour cette cause a ordonné le duc en chascune compaignie de cent lances ung surgien” (IV p.17).

Néanmoins, cette décision de Charles le Téméraire ne daterait que de la seconde moitié du XVème   siècle : qu'en était il pour les principats de Philippe le Hardi, Jean Sans Peur et Philippe le Bon ?

De plus, rien ne nous permet d'affirmer que cette décision fut mise en pratique sur le terrain. Pour le reste, on retrouve régulièrement une implication des ducs pour faire soigner leurs blessés et sur deux axes.

Dans un premier temps, les ducs ont fournit de manière très épisodique du personnel médical aux troupes en déplacement. Ce personnel pouvait être de simples barbiers, des mires, des médecins ou encore des chirurgiens. Régulièrement, il s'agissait de praticiens appartenant à la maison ducale.

Pour les chirurgiens, nous pouvons citer Jean de Poligny, Henri de Troyes, Jean Candel ou encore Jean Babo. Le duc leur fournissait une solde régulière pour service au sein de la maison ainsi que des dons exceptionnels lors d'un départ en campagne pour acheter matériel médical, vêtements et chevaux.

Ainsi en 1468, le compte de Barthélémy Trotin, receveur général des finances du Duc, fait état d'un don de 86 livres à Jean Candel, Laurent Bruninc et Pierre le Loup : “Que mondict seigneur leur a donné tant pour convertir et employer en achat de drogueries pour en aydier sadicte armée comme pour eulx monter et habiller pour servir mondict seigneur en icelle armée” ( Arch.dép.Nord , B 2067, folio 201 R°) .

Les ducs n'employaient pas systématiquement des chirurgiens de leur hôtel pour suivre les armées, d'ailleurs ils étaient bien insuffisants en nombre. Pour cela, la recette générale des finances mentionnent un certain nombre de “contrats à durée déterminée” passés avec des chirurgiens indépendants pour soutenir sur un conflit, une bataille ou un siège les hommes d'armes ducaux.

Ainsi, en 1453, Philippe le Bon doit mâter la rébellion gantoise. A cette occasion, il emploie pour la durée du conflit un chirurgien de Bruxelles :

“A Martin de Remunde cirugien et barbier demourant à Brouxelles, la somme de treize francs et demy de XXXII gros monnoye de Flandre le franc, que mondct seigneur lui a ordonné et tauxé avoir de lui pour XXXVI jours qu'il a vacqué par son ordonnance en sa derreniere armée alencontre de ceuls de Gand pour servir de son métier et faire ayde à maitre Jehan Candel son cirurgien” ( Arch.dép.Nord , B 2012, folio 251 V°).

Autre axe d'intervention des ducs pour soutenir leurs blessés : verser des indemnisations pour des hommes d'armes ayant dû gérer eux-mêmes leurs soins. A nouveau, lorsque l'on épluche la recette générale des finances des ducs, on ne peut pas conclure à un réel système d'indemnisation. En effet, les dons se font de manière très irrégulières en terme de fréquence, de montant ou encore de destinataires.

En effet, lors de certains conflits, les ducs ont semble-t-il décider d'indemniser des combattants blessés pour que ces derniers se fassent soigner ou parce qu'ils ont déjà dû le faire à leurs propres frais.

Sous les principats de Philippe le Bon et Charles le Téméraire, on retrouve 73 cas. Il s'agit bien souvent de personnages de rang inférieurs : archers, valets, hommes de mains. Ces derniers n'avaient bien entendu pas accès au soin des chirurgiens enrôlés par les ducs et devaient donc se débrouiller d'eux-mêmes pour se soigner. La blessure pour ces hommes marquait parfois le début de réelles difficultés : leur principal outil de travail était touché, ce qui ne leur permettait pas de prétendre à une nouvelle solde sur un autre conflit, et les sommes exigées par les praticiens pour leur donner leurs soins s'avéraient parfois exorbitantes.

Le cas d'un écuyer de la maison ducale illustre nettement ce propos : “A Latin de Marcadel, ecuyer et eschanson du duc, 50 francs, en considéracion du fait quil a été blessé à la jambe en servant le duc en Languedoc sous les ordres du seigneur Saint-Georges en 1412, et quil a été contraint de vendre son harnois de guerre et ses chevaux pour faire soigner sa blessure” ( B.Schnerb , 1 988, Annexes III).

 

4 - Conclusion

 

L'étude des blessures de guerre médiévales, comme pour les autres périodes d'ailleurs, pose incontestablement un grand nombre d'interrogations : Quelles blessures ? Quels soins apportés ?

Nous l'avons vu, les blessures s'avéraient très différentes : coupantes, contondantes ou perforantes.

La tête semble être l'enjeu central du combat puisque suivant les sources, elle représente 40 à 75 % des atteintes. Néanmoins, certaines nuances peuvent être apportées.

Pour les personnages de rang, qui étaient essentiellement des cavaliers, les jambes plus faciles d'accès pour les piétons étaient fortement touchées.

Au début des batailles   des blessures étaient occasionnées sur l'ensemble du corps, ce fait étant   surtout lié au côté aléatoire des armes de jet (arcs, arbalètes).

Le côté gauche du combattant était plus exposé que le droit ce qui est logique lorsque l'on subissait une attaque de face par un droitier.

Le dénombrement des blessures dorsales retrouvées à Towton remet également en cause l'éthique chevaleresque avancée par certains historiens signifiant que l'on ne touchait pas un adversaire dans le dos. Au coeur de la mêlée, l'esprit de survie des hommes d'armes primait certainement sur toute éthique. De plus, la fin des batailles voyait se développer de véritables chasses où les vainqueurs poursuivaient les vaincus soit pour des mises à rançon, soit pour des mises à mort, provoquant dans ce cas bon nombre de blessures dorsales.

Pour ce qui est des soins apportés aux blessures, les sources ne présentent jamais de réel système d'aide aux blessés. Lorsque les personnages de rang se déplaçaient, ils emmenaient leur équipe médicale personnelle qu'ils mettaient à la disposition des nobles de leur compagnie.

Pour les autres, il fallait bien souvent se débrouiller soi-même : trouver un compagnon disposant de connaissances de bases dans le traitement des plaies, trouver un chirurgien, un hospice ou autre établissement religieux à proximité pour espérer se faire soigner. Parfois, certains chanceux voyaient leurs frais indemnisés par le prince.

Les blessures subies par les combattants à la fin du Moyen-Age s'avèrent souvent gravissimes mais l'étaient-elles plus que celles provoquées par les armes à feu qui seront développées lors des siècles suivants ?!

Un combattant d'Azincourt était-il moins bien protégé par son bassinet et son harnois blanc qu'un poilu de Verdun subissant le feu de l’adversaire avec un casque à peine plus solide ?

Survivre à des blessures d'armes à feu aujourd'hui relève presque du miracle alors qu’un personnel médical, pourtant compétent, est présent aux côtés des troupes ! Le charnier de Towton nous prouve, à contrario, que bon nombre de combattants médiévaux survivaient à leurs blessures malgré un encadrement chirurgical très insuffisant en nombre et peu fiable.

5 - Notes

1 - Marie-Nathalie Rodier a montré, en 2007, que si les techniques médico-chirurgicales des Croisés , du XI°  au XIII° siècle, étaient souvent obsolètes par rapport à celles des  Arabes, les Francs développèrent néanmoins un système de soins aux avant-postes des combats et créèrent, à l'arrière, des relais hospitaliers (directement imités du bimaristan arabe et du xenodochium byzantin) pour prendre en charge les blessés arrivant du champ de bataille. Toutes ces techniques apprises dans l'urgence ont, très logiquement, alimenté ensuite, le savoir médical de la fin du Moyen Age.

2 - En 1982, Raoul Perrot dans un travail original qui confronte deux approches différentes de la traumatologie du Moyen-Age : étude ostéologique des vestiges et lecture des Textes médicaux Anciens, a montré la  part importante  jouée par la Matière Médicale, en particulier dans le traitement des blessures par flèches. A noter que la partie de cette étude consacrée à la pharmacologie médiévale est accessible, en ligne, sous le titre : "Glossaire de la matière médicale employée par les chirurgiens médiévaux dans le traitement des blessures" [ http://perso.wanadoo.fr/raoul.perrot ].

 

6 - Bibliographie

 

6.1 - Documents d’archives

 

6.1.1 - Sources comptables

Choix de pièces inédites relatives au règne de Charles VI [Louis Douet d’Arcq]. Société d’Histoire de France, 1863-64, 2 Vol.

Comptes de l’argentier de Charles le Téméraire duc de Bourgogne [Werner Paravicini]   . Vol.1 : registre B2068 des Archives Départementales du Nord 1468. Académie des Inscriptions et Belles Lettres, De Boccard, Paris, 2001,612 p.

Compte de l’écurie du roi Charles VI [Michel Mollat du Jourdin]. Vol.1 : registre KK34 des Archives Nationales : 1381-87,  De Boccard, 1995, 271p.

Comptes de l’hospice Comtesse de Lille, série AH1, Archives Départementales du Nord [source inédite]

Comptes généraux de l’Etat Bourguignon entre 1416 et 1420 [Michel Mollat du Jourdin]. Paris, Imprimerie Nationale, 1965-69, 5 vol.           

Journal du siège d’Orléans, 1428-29, augmenté de plusieurs documents :   Les comptes de la ville d’Orléans du 23 mars 1428 (1429) au 22 mars 1430 (1431) / Les comptes de la forteresse par Jean Hillaire du 23 mars 1428 (1429) au 22 mars 1430 (1431) / Extrait du compte du Me Hémon   Raguier, Trésorier des guerres du Roi du 1er Mars 1425 au 30 Septembre 1433 , publié par P. Charpentier et C. Luissard. Orléans, H. Herluison, 1896, 410 p.

La France gouvernée par Jean sans Peur : les dépenses du receveur général du Royaume [Barthélémy Pocquet du Haut Jussé]. PUF, 1959,405 p.

Recette générale des finances des ducs de Bourgogne (XIV° et XV° Siècle), série B, Archives Départementales du Nord et de la Côte d’Or [source inédite] 

 

6.1.2 - Sources littéraires

Archives municipales de Metz CC8 [source inédite]     

Chronique de Bertrand du Guesclin [Cuvelier], publié par E. Charrière. Paris, Firmin Didot frères, 1839, 2 vol.

Chroniques de Jean Froissart, publié par S. Luce, G. Raynaud, Let A. Mirot in Société d’Histoire de France. Paris, Verdière et Carez, 1824-28, 15 vol.

Chronique de Jean le Fèvre de Saint Rémy, publié par Morand in Société de l’Histoire de France.Paris, Renouard, 1876-81, 2 vol.

Chroniques de la Pucelle [Guillaume Cousinot], publié par Auguste Vallet de Viriville. Paris, Delahays, 1859, 540 p.

Cronica de los reyes catolicos por su secretario Fernando de Pulgar, estudio por Juan Mata Carrizo . Madrid, Espasa Calpe, 1943, 2 vol.

Chroniques de Mathieu d’Escouchy, publié par G. Du Fresne de Beaucourt in Société d’Histoire de France. Paris, Renouard, 1863-64, 3 vol.

C hroniques des ducs de Bourgogne [Georges Chastellain] , publié par Buchon in « Collection des chroniques nationales françaises »Paris, Verdière, 1827, 2 vol.

Chronique du religieux de Saint - Denys, publié par Bellaguet et Guenée. Paris, Edition du comité des travaux historiques et scientifiques, 1994, 3 vol.

Chroniques d’Enguerrand de Monstrelet, publié par Douet d’Arcq in Société d’Histoire de France. Paris, Renouard, 1857-62, 6 vol.

La chronique du bon duc Loys de Bourbon [Jean Cabaret d’Orville]   , publié in Société d’Histoire de France par A.M. Chazaud. Paris, Renouard, 1876, 374 p.

Le jouvencel [Jean de Bueil] , publié in Société d’Histoire de France par C. Favre. Paris, Renouard, 1887-89, 2 vol .

Les chroniques du roi Charles VII [Gilles le Bouvier] , publié in Société d’Histoire de France par H. Courteault et L. Celier. Paris, C. Klincksieck, 1979, 541 p.

Mémoires de Jacques du Clerq, Seigneur de Beauvoir en Ternois, publié par Buchon. Paris, Verdière, 1826.

Mémoires de Philippe de Commynes, publié par Mlle Dupont in Société d’Histoire de France. Paris, Renouard, 1840-47, 3 vol.

Mémoires d’Olivier de la Marche, Maître d’hôtel et capitaine des gardes de Charles le Téméraire, publié par Beaune in Société d’Histoire de France. Paris, Renouard, 1883-88, 4 vol.

Oeuvres historiques inédites du sire George Chastellain, Paris Desrez, 1837, p.74.

Voyages et ambassades de Messire Guillebert de Lannoy, Chevalier de la Toison d’or, seigneur de Santes, Willerval, Tronchiennes, Beaumont et Wahignies, publié par C.P. Serrure. Mons, Hoyois, 1840, 140 p.

 

6.2 - Ouvrages

Allaine (Claude d’), 1984. Histoire de la chirurgie Paris, P.U.F., 125 p.

Ali bacha Rabah, 2002. Les blessures par armes à la fin du Moyen-Age d’après les chroniqueurs des XIV° et XV° siècles. Mémoire de maîtrise (ss dir de B.Schnerb) , Université de Lille 3, Villeneuve d’Ascq, 150 p.

Ali bacha Rabah, 2004. L’homme blessé à la fin du Moyen-Age. Mémoire de DEA (ss dir de B.Schnerb), Université de Lille 3, Villeneuve d’Ascq, 160 p.

Bacquet (Gérard), 1977. Azincourt. Auxi le Château, 122 p.

Beaulieu (Michèle), 1956. Le costume de Bourgogne de Philippe le Hardy à la mort de Charles le Téméraire (1364-1477). Paris, PUF, 220 p.

Bos (A), 1898. La chirurgie de Maître Henri de Mondeville. Paris, Firmin et Didot, 2 vol.

Castiglioni (Arturo), 1931. Histoire de la médecine Paris, Payot, 781 p.

Contamine (Philippe), 1972. Guerre, Etat et société à la fin du Moyen-Age. Etudes sur les armées des rois de France 1337-1494 / Thèse d’Etat. Paris, La Haye, 757 p.

Contamine ( Philippe), 1986. La guerre au Moyen - Age. Paris, P.U.F., 516 p.

Fiorato (Veronica) , 2000. Blood red roses. Oxford, Oxbow books, 280 p.

Gaïer (Claude), 1985-1986. Techniques des combats singuliers d’après les auteurs bourguignons du XV° siècle. In Moyen - Age, tome 91, pp 415-457 et tome 92 pp 5-40.

Grmek (Mirko Drazen), 1995. Histoire de la pensée médicale en Occident, Vol. 1 « Antiquité et Moyen-Age »Paris, Seuil, 382 p.

Jacquart   (Danielle),1981. Le milieu médical en France du XII au XVème siècle. Genève, Droz, , 487 p.

Leclair (Henri), 1925. Les hôpitaux militaires de Lille avant la Révolution. Lille, Morel, 174 p.

Lefebvre P.J (Ss dir.), 1982-87. Histoire de la médecine aux armées, vol.1 : « Antiquité et Moyen-Age »Paris, Lavauzelles.

Mounier-Khun (Alain), 2006. Chirurgie de guerre : le cas du Moyen-Age. Paris, Economica, 2006.

Nicaise E.(1890). La grande chirurgie de Guy de Chauliac, composée en l’an 1363. Paris, Alcan, 747 p.

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  PALEOBIOS , 15 / 2007 / Lyon-France ISSN 0294-121X / Les blessures de guerre à la fin du Moyen Age ( Ali Bacha Rabah)

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