Etude des corps momifiés

 

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Tout cadavre abandonné sur le sol (ou même inhumé ) ne tarde pas à disparaître (...). La conservation des chairs n' apparaît que dans certains cas ( exceptionnels ) que l‘on peut ranger sous le vocable général de momification  (qu'elle soit naturelle ou artificielle) “ [3].

 

1 - Momies gallo - romaines et médiévales

 

 Le laboratoire a été amené à s' intéresser à des vestiges humains momifiés, dès 1970, lors de plusieurs séjours effectués par R.Perrot au sein du Laboratoire de restaurations et de recherches de Draguignan ( Directeur Abbé R. Boyer ) rattaché à l’Institut d’Archéologie méditerranéenne ( Aix - en - Provence).
Les fouilles de l’Abbaye de Saint - Victor de Marseille ( datant du IIIème au VIIème siècles ) avaient permis de dégager plusieurs sarcophages, renfermant des restes momifiés amenés, pour examen, au Laboratoire de Draguignan [2-4] Ce matériel, très fragile,  avait conduit  R. Boyer, Y. Fattori  et R.Perrot à établir  un protocole d’intervention et d’étude assez particulier,  résumé dans les lignes suivantes :

  1. Une fois le sarcophage ouvert, son contenu est photographié ( clichés verticaux et obliques, clichés stéréoscopiques ) en noir et en couleur. On dispose ensuite un carroyage de 10 cm de côté et un premier relevé graphique est effectué à l’échelle 1.
  2. Vient ensuite l’étape la plus délicate qui va consister à prélever le corps. Les ossements fragiles, qui apparaissent à la surface du magma organique, sont solidifiés avec une solution d’acétate de polyvinyle dans l’acétone, pulvérisée au moyen d’un vaporisateur, ou imprégnés goutte à goutte au moyen d’une pipette. Le magma ( vestige des matières molles ) est lui aussi traité de la même façon.
  3. Il est impossible de prélever le corps en une seule fois. Arbitrairement, il est découpé en quatre parties ( tête, tronc avec membres supérieurs, bassin avec fémurs, jambes avec pieds ) avec un bistouri à longue lame. Sous chaque section, ainsi effectuée, on glisse lentement une mince tôle de laiton ( 4/l0mm d’épaisseur ). L’ensemble   ( tôle et débris humains ) est alors soulevé avec beaucoup de précaution, puis posé sur une plaque de polystyrène expansé, enveloppé d’une feuille plastique et emmené ( le plus délicatement possible ! ) au laboratoire.
  4. Là sont effectuées de nouvelles photographies et des radiographies. Puis commence le dépouillement minutieux de chaque section, qui procède de la microfouille stratigraphique et de l’autopsie. Ce travail nécessite la mise en place, sur la section étudiée d’un carroyage de 10 cm de côté, disposé de façon identique à celui qui avait été implanté dans le sarcophage. On peut ainsi relever, comme dans une fouille, chaque élément mis au jour et le localiser avec précision. 

 

 

 

R. Perrot (à droite) et R. Boyer (Directeur du Laboratoire de restaurations et de recherches de  Draguignan) examinant, en 1971, les vestiges d'une momie de l'Abbaye Saint - Victor de Marseille.

 

 

Les techniques précédentes se justifient ici par le degré de conservation médiocre que présente la plupart des inhumations habillées. L’humidité du sol a, en effet, entraîné une désagrégation partielle des ossements, avec par contre, une momification relativement satisfaisante de la matière organique.

Le pourcentage assez élevé de sels d’arsenic, retrouvé au niveau du magma organique, laisse supposer qu’il s’agit de momification volontaire. On sait, en effet, qu’au Moyen - Age, les cadavres étaient, parfois, enduits d’un onguent contenant des arséniates, dans le but de les conserver. 

C’est par contre, vraisemblablement à une momification naturelle, que semblent dus les quelques corps momifiés de l’ossuaire de l’église Saint - Sorlin de Serrières, en Ardèche. Cet ossuaire est situé dans les combles du transept nord, au dessus de la chapelle latérale dédiée à Saint - Saturnin (même nom que Saint - Sorlin ). Il a été aménagé au début du XVIIIème à l'aide d’ossements plus anciens ( XIVème et XVIIème siècles ) provenant des caveaux de la nef centrale et disposés en charnier avec quelques momies dans le but vraisemblable d’être exposés au public ( selon une coutume d’influence méditerranéenne ) [1].

 

2 - Momies égyptiennes

 

Le laboratoire s'est intéressé aux vestiges humains égyptiens momifiés, dès 1977 avec la mise sur pied d'une équipe de recherches comprenant des étudiants du Troisième Cycle en préparation du DERBH d’Anatomie. Le thème de ces recherches étant l’étude des collections d’Egyptologie du Musée Guimet de Lyon sous l’angle de l’anthropologie et de la paléopathologie.

 


[1] Billard ( PM. ), 1982. Contribution à l'étude du peuplement de la vallée du Rhône et du Massif Central. L'ossuaire de l'église Saint - Sorlin de Serrières ( Ardèche ). Etude anthropologique cranio - maxillo - faciale, odontologique, démographique, raciale et paléopathologique. Thèse pour le Doctorat en Médecine, Lyon.

[2] Boyer ( R.), Arnaud ( G.), Arnaud ( S.), Blanc ( A.), Fattori ( Y.)  et Perrot ( R.), 1987.Vie et mort à Marseille à la fin de l'Antiquité. Ville de Marseille, Atelier du Patrimoine, 123 p.

[3] Perrot ( R. ), 1974. Quelques remarques sur la momification.Bull. méd. lég.. et toxicol., 17, 6, 413—417

[4] Perrot ( R. ), Morel ( P.), Boyer (R.) et Fattori ( Y. ), 1971. Inhumations habillées du Haut Moyen - Age et sarcophage reliquaire à l’Abbaye Saint - Victor de Marseille.Travaux du Lab. de l’I.A.M. (Aix - en - Provence), Rapport préliminaire.

 

 

 

 

 

Révison de la page :02/07/2018