Laboratoire d'Anthropologie Anatomique et de Paléopathologie

 

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UE Anthropologie - M1 du MASTER HPDS [Année universitaire 2008-2009]  

Les Etapes morphologiques de l’Evolution Humaine (3)

[cf. (1)(2)(4) / version pdf]  

Gaspard Guipert [CM du 16/08/2008][version html : R.Perrot]

 

 

Fossiles étudiés dans (3)[Retour liste des fossiles étudiés]

 

Orrorin tugenensis

Sahelanthropus tchadensis / Toumaï

 

LES DIFFERENTES HYPOTHESES PHYLETIQUES

Des Modèles multiples :

Origine unique ou brassage régional

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des modèles construits sur l’anatomie

Des espèces polymorphes

RIGHTMIRE GP (1998)    Evolutionary Anthropology 6:218-227

Des modèles buissonnants (plusieurs vagues migratoires)

 

                              

 

MANZI G (2004) Evolutionary Anthropology 13:11-24.

 

Modèle fondé sur l’imagerie tridimensionnelle

 

 

Comparaison spatiale et temporelle de crânes d’Hominidés, modélisés tridimensionnellement.

 

Modèle phylétique proposé à partir de la comparaison spatiale et temporelle de crânes d’Hominidés, modélisés tridimensionnellement

 

 

 

 

NOUVELLES PROBLEMATIQUES

 

Position des Néandertaliens par rapport aux Homo sapiens  : Cousins ou Frères ?

Guerres ? Pas de traces de combats.

Maladies ? Disparition des Néandertaliens sur plus de 10 000 ans.

Métissages ? Tombe de l’individu juvénile de 4 ans de Lagar Velho, Portugal.   Supposition d’Hybridation. Cependant la génétique semble prouver un écart spécifique entre les deux populations.

Supériorité culturelle des Homo sapiens  ? Impact indéfinissable.

Supériorité technologique des Homo sapiens  ?

Moindre adaptation aux conditions climatiques ? Homo neanderthalensis est une espèce apparue durant une glaciation et Homo sapiens d’origine africaine. Cependant une supériorité technologique (outils et couture) pourrait permettre une meilleur adaptation au froid pour notre espèce.

Supériorité démographique des Homo sapiens ?

 

Homo floresiensis

L'Homme de Flores ou Homo floresiensis est-il un Homo erectus qui a évolué en fonction de son environnement insulaire ? Il semblerait que l'extraordinaire découverte confirme que Homo floresiensis et donc Homo erectus a côtoyé l'homme moderne pendant bien plus longtemps qu'on ne le pensait. En effet, jusqu’à présent, les scientifiques pensaient que depuis l’australopithèque, le seul homme préhistorique (hominidé scientifiquement) à avoir côtoyé l’homme moderne ( Homo sapiens ) était l’homme de Neandertal qui s’est éteint il y a environ 27 000 ans en Europe. Mais la découverte qui vient d’être faite remet tout en question. En effet, Peter Brown et son équipe ont découvert sur l’île Flores en Indonésie les squelettes d’un nouvel homo baptisé Homo floresiensis . Comme le dit le paléontologue Jean-Jacques Hublin: "c'est une révolution. Tous les arbres de l'évolution du genre Homo sont à jeter". Sept squelettes de un mètre de haut ont été découverts dans une grotte (Liang Bua), sur une île indonésienne, l'île de Flores. Les découvreurs les ont baptisé "hobbits" en hommage à l'écrivain J.R.R Tolkien. D'après les datations, cette nouvelle espèce d'homo aurait vécu il y a entre 95 000 et 13 000 ans. Donc, trois espèces d'Homo , au moins, ont coexisté. Les squelettes présentent toutes les caractéristiques morphologiques de notre genre Homo . Cependant ils ne mesurent qu’un mètre et leur boîte crânienne est plus petite que celle de Lucy, la célèbre australopithèque. Outre les fossiles humains dont le squelette presque complet d’une femme (le crâne, la mâchoire, les dents et os du corps), ont été retrouvés des os et des dents de sept autres individus. De plus, des outils et des os d'éléphants nains ont également été retrouvés à leurs côtés.

  • Portrait d'Homo floresiensis La petite taille de l'homme de Flores et les 380 centimètres cubes de son cerveau le distinguent de ses contemporains Homo sapiens qui évoluaient dans la même région à la même époque. Le crâne, décrit à la demande de la revue Nature par le paléontologue anglais Chris Stringer, qui ne fait pas partie des découvreurs, présente un "mélange unique de caractéristiques primitives et avancées". Le crâne est de la même taille que celui d'un chimpanzé, la boîte crânienne est basse avec une arcade sourcilière proéminente. Cette femme, âgée d'une trentaine d'années, a des mensurations hors normes. En effet, son crâne minuscule est dotée d'un cerveau gros comme un pamplemousse. Elle pesait à peine 25 Kg et mesurait un mètre de haut, soit 25 cm de moins que Lucy. D'ailleurs, les paléontologues ont d'abord cru qu'ils venaient d'exhumer un enfant. Cependant, malgré sa petite taille cette femme est très bien proportionnée. Le visage est délicat, comme celui des humains modernes. Les dents sont de la même taille que les nôtres. Ce sont ces dernières caractéristiques qui placent définitivement Homo floresiensis parmi les hominidés. Le crâne de l'homme de Flores, bien que minuscule, est fait sur le même modèle que celui d'Homo erectus. Ce dernier pourrait donc être l'ancêtre d' Homo floresiensis .

Homo floresiensis

  • Théorie sur ce nouvel hominidé. Isolé sur son île, cet Homo erectus aurait évolué vers le nanisme. «Les conditions insulaires peuvent conduire à une réduction de taille chez les mammifères» explique Marie-Hélène Moncel, préhistorienne au Muséum d’histoire naturelle de Paris. «Un des cas les plus connus est le fossile d’un mammouth nain datant de 4.000 ans retrouvé sur l’île de Wrangel au nord-est de la Sibérie».   Selon les spécialistes, Homo floresiensis ne peut être classé parmi les hommes modernes, qu'on suppose sortis d'Afrique il y a 100 000 ans, et installés déjà depuis 60 000 ans dans le nord de l'Australie. Par contre Homo floresiensis pourrait être le descendant d’ Homo erectus d'Asie, dont le plus connu est l'homme de Java. Ces ancêtres auraient pu atteindre l'île de Flores il y a presque un million d'années en passant sur des bras de terre. Ils arrivaient probablement du continent eurasiatique et ont franchi la ligne de Wallace en bateau. Quand le niveau de la mer est remonté, cette migration s’est interrompue.
    La taille de l'homme de Flores aurait alors évolué à cause de facteurs environnementaux et de l'isolement génétique. Il faut rappeler qu'on a retrouvé, il y a 6 ans, sur cette même île, des galets rudimentaires datés de 800 000 ans avant notre ère. Ces outils pourraient donc être la preuve qu'
    Homo erectus est arrivé sur cette île très tôt. Homo floresiensis fabriquait des outils et maîtrisait le feu. Des lames de silex noir, finement taillées, ont été découverts dans les mêmes niveaux que les ossements. Les découvreurs pensent que cette espèce s'est éteinte, il y a environ 12 000 ans, suite à une catastrophe volcanique. Cependant, rien n'indique qu'elle n'a pas pu survivre plus longtemps .
  • Peut il encore exister des survivants ? Cette question peut sembler stupide mais elle a pourtant été posée. En effet, les médias ont ressorti des légendes faisant état des nains, Ebu Gogo dans la langue locale, qui vivraient dans les cavernes de l'Ouest de l’île de Flores. Ces légendes locales parlent de petits hommes habitant dans des grottes. Mais nul ne sait s’il s’agit de mythes créés à partir de découvertes d’ossements ou d’une réalité. Il est vrai que treize mille ans, à l'échelle biologique, c'est hier. Les chercheurs n'hésitent pas à dire qu'ils ont probablement survécu jusqu'à il y a 12 000 ans.
  • La faune de l'île de Flores: éléphant et dragon. Si Homo floresiensis a subi le "nanisme insulaire", ce n'est pas le cas de tous les animaux qu'ils ont côtoyé. En effet, le dragon de Komodo vivait également sur l'île. On y trouvait également les stégodons, un groupe d'éléphants asiatiques. Cet éléphant nain mesurait
    1,5 m au garrot.
  • Dernière actualité sur Homo floresiensis (octobre 2005). Les paléontologues qui ont découvert l’homme de Flores en 2004 présentent de nouvelles preuves de l’existence d’un Homo de petite taille il y a environ 15.000 ans sur cette île indonésienne. Michael Morwood, Peter Brown et leurs collègues ont trouvé d’autres fossiles d’hominidés dans la grotte de Liang Bua, notamment une mâchoire très similaire à la première. Ils publient ces découvertes dans la revue Nature du 13 octobre. Les paléontologues qui ont découvert l’hominidé sur Flores, vieux de seulement 18.000 ans, estiment qu’il s’agit d’une nouvelle espèce, Homo floresiensis , qui a évolué vers le nanisme à cause de son isolement insulaire. Malgré sa petite taille et son cerveau pas plus gros que celui d’un chimpanzé, l’homme de Flores avait des outils déjà sophistiqués. Contestant cette théorie, d’autres chercheurs affirment qu’une maladie est la cause de sa petitesse : l’homme de Flores serait microcéphale. Brown et ses collègues ont cependant trouvé d’autres fossiles sur le même site qui accréditent la thèse d’une nouvelle espèce d’ Homo . Les os auraient appartenu à neuf individus différents, selon les paléontologues. La mâchoire est très similaire à celle du premier crâne exhumé. Les tibias et les os des bras retrouvés confirment qu’il s’agissait d’êtres de petite taille, environ un mètre de hauteur. En revanche ses proportions sont inhabituelles : il a de longs bras qui rappellent davantage les australopithèques qu’ Homo erectus . Si les chercheurs sont moins affirmatifs que lors de leur première publication sur l’arbre généalogique de l’homme de Flores, ils réaffirment qu’il s’agit bien d’une espèce en soi. Le débat n’est sans doute pas clos pour autant. Leurs contradicteurs ont récemment fait savoir qu’ils allaient publier leurs arguments.
  • L’homme de Florès est bien une espèce à part (décembre 2005) Avec les neufs nouveaux squelettes partiels découverts par les Australiens, nous avons la certitude que cet hominidé est bien une espèce à part. En effet, les nouveaux ossements, datés entre 95 000 et 12 000 ans, invalident l’hypothèse d’un cas isolé atteint de nanisme.
    Homo floresiensis était tout simplement particulièrement petit.

 

De Orrorin tugenensis, on a retrouvé uniquement des dents, un fémur, et des phalanges.
Malgré tout, ses découvreurs ont pu émettre des hypothèses. Par exemple, son fémur est plus long que celui de la petite australopithèque Lucy ce qui évoque la bipédie. On pense que les restes appartiennent à un mâle. Sa première phalange, longue et incurvée, indique qu'Orrorin se suspendait parfois aux arbres. Il était donc encore proche des grands singes. Par contre, la taille de ses molaires est identique à celle des hommes modernes. Ces différents caractères contradictoires compliquent grandement sa classification car il a des caractéristiques propres aux grands singes et d’autres propres aux hominidés.

Sa taille a été évalué à 1,25 m maximum pour un poids d’environ 40 kg. Il habitait dans l’actuel Kenya.

 

 

Orrorin tugenensis

 

Sahelanthropus tchadensis / Toumaï

Au début des années 1980, Yves Coppens bâtit la théorie de l’East Side Story. On peut résumer cette hypothèse de la manière suivante : Avant les australopithèques, tous les grands singes africains, chimpanzés, bonobos et gorilles, vivent à l’ouest de la vallée du Rift. Par contre, tous les fossiles de la lignée humaine sont situés du côté est. Donc, pour Y.Coppens, les vallées du Rift représentent une barrière géographique qui a joué un rôle prédominant dans la séparation de la lignée humaine et celle des grands singes africains. Les géologues sont d’accord pour dire que le Rift occidental s’est déformé vers 8 millions d’années. L’Afrique orientale reçu alors une pluviosité plus faible. Y.Coppens en déduit que les populations du dernier ancêtre commun aux chimpanzés et aux hommes, restés à l’ouest, évoluent vers le chimpanzé, le bonobo et le gorille du fait d’une végétation plus dense. Par contre, ceux qui sont restés à l’est évoluent vers l’australopithèque et l’homme. En effet, des terres plus arides auraient permis à nos ancêtres d’évoluer vers la bipédie.

Mais, la découverte de Toumaï remet tout en cause car les fossiles ne sont pas du bon côté du Rift. En effet, Toumaï a été découvert le 19 juillet 2001 par Ahounta Djimdoumalbaye à 2500 kilomètres à l'ouest du Grand Rift. Cependant, les restes découverts sont encore insuffisants pour prouver la bipédie. Pourtant, le trou occipital et l'usure des canines sont très proches des caractères propres aux hominidés. Au total, à fin mars 2002, ce sont des restes fossiles appartenant à au moins cinq Sahelanthropus tchadensis et vivant dans l'actuel désert du Djourab voici environ sept millions d'années qui ont été mis au jour. Ces restes représentent un ensemble de documents scientifiques uniques au monde. Sa capacité cranienne, d'environ 350 cm2, est équivalente à celle nos chimpanzés actuels.

Il est donc beaucoup trop tôt pour rejeter la théorie d’Y.Coppens. Actuellement les débats sont vifs entre les découvreurs de Toumaï, d’Orrorin et d’Ardipithecus. Chacun pensant que son fossile se situe au début de la lignée humaine, juste après le dernier ancêtre commun. Mais, une question reste en suspend : est-ce la bipédie qui marque le commencement de notre lignée ?

Analyse du crâne de Toumaï

1/ Capsule cérébrale allongée et étroite

2/ Les canines sont courtes en comparaison

avec celles des grands singes

3/ La face est courte et droite. Elle est plus proche

de celle des hominidés que de celle des singes

4/ Torus sus-orbitaire fort et continu

 

Crâne de Sahelanthropus tchadensis après reconstruction 3D

Page révisée le 30/11/2014