Constantin l'Africain ( 1015-1087 )

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1 - Notice biographique

    Constantin dit l'Africain est né à Carthage aux alentours de 1015 [certains auteurs le font naître en 1010 ou même en 1020] . Un peu à la manière des anciens médecins grecs périodeutes, Constantin voyage pendant près de 40 ans, à travers les pays d'influence musulmane (c'est en particulier à Bagdad qu'il étudie la médecine) et est ainsi mis au contact des écrits arabes.

    Vers 1077, il doit quitter Carthage où il était revenu depuis peu, sous l'accusation de sorcellerie. Il débarque à Salerne, où il reste peu de temps, puis se retire au fameux Mont-Cassin [c'est là qu'il a écrit sa Chirurgie, compilation des travaux de Celse , Paul d'Egine et Abulcasis de Cordoue ] jusqu'en 1087, date de sa mort.

    Il laisse une oeuvre immense, faite de traductions et d'adaptations des auteurs grecs et arabes, qui va avoir une importance considérable sur tout le Moyen-Age.

2 - Sources bibliographiques

    Pour notre travail, nous avons traduit en français la version italienne de la Chirurgie de Constantin, réalisée par M.C. Malato et L. Loria et publiée en 1960 par l'Istituto di Storia della Medicina dell'Università di Roma [cet ouvrage nous avait été aimablement prêté par le regretté Pr. Mirko D. Grmek, de Paris] .

3 - Extrait de texte [cf. Constantin l'Africain / PDF (0,6 MO / 552 KB)]

( ... ) Chapitre 19 - De l’extraction des dards.

Le dard fiché à la surface externe du corps, s’il conserve sa hampe on le tire avec elle. Dans le cas contraire, avec des tenailles de fer introduites dans la blessure on le tire après l’avoir pincé. Si la blessure est étroite, on l’élargit. S’il est fixé dans l’os, on le secoue et quand il est remué on l’enlève. Si le dard ne peut pas être mobilisé, on incise la chair jusqu’à l’os et on racle l’os tout autour, pour pouvoir le prendre. Si le trait est muni de barbelures on doit essayer de l’extraire après avoir essayé de le libérer avec beaucoup de précaution. De manière similaire le dard privé de hampe, s’il est caché en profondeur et que le trou d’entrée n’est pas visible, on entaille là où le blessé indique l’avoir reçu, et ensuite après avoir exploré avec le doigt, on incise la chair et on l’extrait. Si on s’est assuré qu’il est passé dans la partie opposée du corps, on l’extrait de ce côté après avoir fait un trou. Si le dard extrait n’est pas entier, il est nécessaire de rechercher ce qui manque. Si le trait est proche d’une artère, ou d’un nerf, ou d’un quelconque organe important, il faut faire attention à ne pas le léser au moment où on veut extraire [ le dard ].

Quelquefois d’ailleurs il est préférable de le laisser dans le corps, plutôt que de l’extraire . En effet, un homme qui portait dans le corps une flèche, pénétrée dans le péritoine près de l’estomac et restée là depuis longtemps, ne présentait aucune douleur sauf lorsqu’il se remplissait l’estomac.

Si la flèche est fixée dans un organe important , courue le cerveau, le coeur, les poumons, le foie, l’estomac, les reins, la vessie et des organes similaires s’il apparaît quelque signe mortel, (il) ne (faut) pas y mettre les mains. S’il n’apparaît aucun signe mortel il faut penser de quelle manière on peut l’extraire avec précaution. Une infinie de possibilité peut arriver, mais ce n’est pas toujours que l’homme meurt. Un homme qui avait une flèche dans l’intestin, l’a émise avec des déjections, et ainsi guérit. Quelques - uns émettent à travers la blessure des petits morceaux de foie, d’autres de la nourriture et cependant ne meurent pas. Si on veut rechercher la région interne où est enfoncée la flèche il faut connaître parfaitement les symptômes variés. Si, en effet, la flèche est dans la dure - mère du cerveau, le patient aura une grande douleur de tête, les yeux rougis et brillants, l’esprit perturbé, la langue noircie. Si, au contraire, elle est dans la pie - mère, par suite du manque de force et de la perte de la parole, il se forme sur le visage des pustules et du sang et de la sanie sortent du nez et des oreilles. Si elle est dans le creux de la poitrine, l’air en sort. Si elle est dans le coeur, le sang coule noir, et s’il y a froid aux extrémités. S’il y a aussi transpiration et syncope, qui annoncent la mort imminente. Si elle est dans le poumon, il y a une émission de sang mousseux et se modifient la couleur du visage et le souffle. Si elle est dans le diaphragme, il y a une respiration ample et fréquente. Si elle est dans les intestins il y aura émission d’excréments. Si c’est dans la vessie, il vient (une) émission d’urine, Dans tous ces cas, en vérité, n’apparaissent pas des signes mortels et si le malade est robuste, exerces ton art. En effet si la flèche est dans la tète, après avoir perforé l’os qui l’entoure, extraits - la avec le maximum de précaution. Si elle est dans la cage thoracique, il est nécessaire de couper une partie de la côte et de mettre dessous quelque chose afin de ne pas rompre la plèvre. Pour les blessures des poumons, de la vessie et similaires, il faut s’ingénier. Si la flèche est fichée dans une veine ou une artère, avant de l’enlever, il faut attacher la veine de part et d autre. Il faut faire attention à ce qu’elle (la flèche) ne soit pas empoisonnée, ce qui se reconnaît à la couleur de la partie qui devient livide, plombée ou noire. Si, en effet, la blessure a été souillée par un poison, il faut la nettoyer et la recoudre rapidement, la traitant comme les autres blessures. Si le malade souffre, au niveau de la blessure, d’une tuméfaction ou d’une inflammation intense comme le feu, on le phébotomise et on applique sur la région des roses, du bois de santal, de la sève d’endive, coriandre, solarium, semper virens et semblables ( ...).

 

Page révisée le 06/07/2105

  Notice biographique extraite de " Glossaire de la matière médicale employée par les chirurgiens médiévaux dans le traitement des blessures " http://perso.wanadoo.fr/raoul.perrot/ >

 

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