Laboratoire d'Anthropologie Anatomique et de Paléopathologie de Lyon

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UE Anthropologie - M1 du MASTER HPDS [Année universitaire 2008-2009]

 

Anthropologie dentaire (2) [cf. (1)]

           

L’anthropologie dentaire médico-légale : méthodes comparatives et reconstructives

 

Yvonne Desbois [CM du 27/11/2008]

 

2. l'identification

2.1. généralités 

2.2.   Types d’identification

3.   intérêts de la dent

3.1.historique

3.2. caractéristiques

3.3. résistance

3.4. particularités humaines

3.5.l’usure dentaire   [Cf.Précis d'anthropobiologie ]

3.6.moyens d’étude

4.La fiche dentaire post-mortem

4.1.schéma dentaire

4.1.1 schéma dentaire post-mortem en anthropologie

4.1.2. schéma dentaire post-mortem en identification

4.2. les éléments observés et notés

4.3.rapport inter-maxillaire

4.3.1.occlusion

4.3.2.occlusion de convenance

5. La fiche dentaire ante-mortem

5.1. schéma dentaire

5.2.éléments du dossier

5.3. examens complémentaires disponibles

5.4. synthèse

6. méthodes comparatives

6.1.identification par comparaison des dentures

6.2.les comparaisons craniofaciales et faciales

6.3. les empreintes génétiques

7. méthodes reconstructives

7.1.détermination de la nature dentaire d’un fragment

7.2 détermination de l’espèce

7.3 détermination du groupe phénocutané

7.4. détermination du sexe [Cf. Précis d'anthropobiologie ]

7.5. Détermination de l’âge

7.5.1.période in utero et enfance

7.5.2.âge adulte

7.6. Détermination du groupe Sanguin ABO

7.7. Détermination du lieu de soins et du niveau socioprofessionnel

8. Conclusion

 

[Appelée également anthropologie dentaire forensique, elle faisait partie intégrante de l'ancien stage RB26 : Techniques d'informatisation des données biométriques crâne et visage. Application à la reconstitution faciale et à l'identification des personnes ]

>    le problème qui se pose souvent en médecine légale est l'identification des victimes. On fait alors appel à l'anthropologie médico-légale qui est

l'application des connaissances de l'anthropologie sur le squelette lors de la découverte de restes humains.

>    elle permet :

détermination de la nature humaine d'un os ou dent, nombre de victimes, groupe phénocutané, sexe, âge, stature

pathologies, traumatismes ante ou post mortem toutes ces diagnoses nous donnent une identité biologique des restes retrouvés

>    Dans le squelette on distingue le crâne et le post-crâne crâne : importance particulière

pièce la mieux conservée, supporte les dents qui permet les diagnoses du sexe, âge, groupe ethnique

 

2. l'identification

2.1. généralités 

>    Indispensable pour des raisons sentimentales, légales et sociales, judiciaires.

>    Concerne :

-  le vivant ; faux-papiers, amnésie, coma, disparition volontaire

-  personnes décédées « 2 catégories » :

morts individuelles

morts collectives avec ou sans liste nominative

>    Connaître le contexte afin d'envisager une méthode d'identification.

>    Définition de l'identification : Mettre un nom sur un corps ou sur une photo. Nous sommes défini par 4 critères :

groupe phénocutané, sexe, âge, taille

=> diagnose

>    but:

identification absolue avec risque d'erreur nul

méthodes reconnues comme absolues : empreintes digitales ( Bertillon, Fr) empreintes génétiques ( Jeffreys, EU) dents ( Antiquité, Gustafson, Suède)

>    conclusions du rapport : -identification positive '.points similaires

-exclusion définitive : une ou plusieurs particularités non retrouvées

- identification possible : nombre de points similaires faible ou pas de particularités

-probable : éléments insuffisants

-impossible pas de document suffisant

 

2.2.   Types d’identification

comparative : il existe un doute sur l'identité de l'individu Eléments post-mortem à comparer avec éléments ante-mortem

évaluative ou reconstructive : aucun doute sur l'identité éléments post-mortem seuls : on évalue le maximum de renseignements pour établir des diagnoses. Notions d'anthropologie indispensables

 

3.   intérêts de la dent

La dent est un outil médicolégal majeur par sa composition, sa résistance et ses caractéristiques.

 

3.1.historique

>     résistance des dents précisées dans le Chirurgien-dentiste ou traité des dents ( 1761) « les dents sont plus dures que les autres os, qu'elles les brisent que leur dureté égale celle des pierres, qu'elles résistent au tranchant du fer et ne peuvent être brûlées ni réduites en cendres comme le reste de notre corps »

>     moyen d'authentif ication depuis l'Antiquité ;Agrippine

>     S.A le Prince Impérial fils de napoléon III tué par les zoulous

Mais surtout depuis le XIX siècles incendie du Ring -Theater de Vienne 1878, de l'Opéra comique en 1887 et du Bazar de la Charité en 1897 : les dents sont les seuls restes identifiables d'un corps

>     Rôle du dentiste

Amoedo publie l'Art dentaire en médecine légale

1945 : Norvège première équipe en vue de l'identification des victimes d'un sinistre

1951 : Stockholm adoption par la 31 assemblée de la commission international de Police Criminelle »

connaître et enseigner l'odontologie légale dans les services de police criminelle

1966: Gustafson publie Forensic Dentistry

 

3.2. caractéristiques

>    denture unique pour chaque individu

>     selon Gustafson : « la denture présente des caractères individuels tels qu'il n'existe pas deux individus à denture semblable »

>     l'étude des éléments permet de retranscrire un caractère ou une histoire propre à l'individu

 

3.3. résistance

>     -protection naturelle dans la cavité buccale ( langue, lèvres et joues)

>     sa composition lui confère : -résistance des dents à l'action du temps :

la dent subit des modifications pendant la vie de l'individu en fonction de l'âge et de la maladie (carie, parodontose) mais inaltérable après la mort.

Pseudocaries post-mortem résultant de la colonisation par microorganisme -résistance aux agressions physiques et aux chocs

-résistances aux agressions chimiques : dent détruite par les acides forts mais prothèses résistent

-résistance particulière en fonction du sol : acide ( marécage) : décalcification des dents avec disparition totale de l'émail sable ou dépôt de calcite : intact pendant des milliers d'années

pourcentage élevé d'argile : surface radiculaire rugueuse, cavités dans la racine et partie inférieure de la couronne -résistance au feu : dent faible teneur en eau ( 0.4 à 0.8%) et l'enveloppe musculo-cutanée de la face

accidents : 800° : baisse du volume dentine de 20% avec fracture des dents saines. La résistance de nombreux matériaux de restauration utilisés dépasse celle des dents.

amalgames : volatilise 200°, stellite 1250° -1400°, or 900°-1500°, céramiques ; 1lOO° et 1300°

-résistance à l'immersion prolongée : à partir de 12 mois, fluorescence mise en évidence par UV

>    avantages « les chances d'identifier un individu par voie dentaire augmentent au fur et à mesure que les chances de l'identifier par d'autres moyens diminuent »

 

3.4. particularités humaines

>    Sa forme, sa composition.

>    Par le volume relatif et par la morphologie de certaines dents : réduction de taille, canine dans l'alignement des dents, racine dans le prolongement de la couronne

>    Par le mode d'alignement des dents : elliptique ou parabolique

>    Indice dentaire : rapport de la somme des diamètre MD des I.CPM sup sur la somme des diamètres MD des M sup :   I = 50% Homme  Sup à 50% chez le singe

>    Organogénèse M1 I1 I2 PM C PM M2 M3

Des primates inférieurs à l ' Homme, une dent donnée fait éruption de plus en plus tard. H enfance prolongée.

la chronologie ( éruption) des deux dentures fournit des repères précis

schéma d'organogénèse :

une dent ; schéma ternaire pour la formation couronne, racine et apicale : 9 ans pour chaque dent

3 ans pour la couronne : 1/3 de la couronne en 1 an , 2/3 de la couronne en deux ans, 3/3 en trois ans

3 ans pour la racine

3 ans pour la fermeture apicale

dent de sagesse/ Période 16-17 20-21 ans : maturation théorie quaternaire : édification coronaire sur quatre ans / radiculaire sur quatre ans / fermeture api cale sur quatre ans

 

3.5.l’usure dentaire   [ Cf. Précis d'anthropobiologie ]

>    Particularité utilisée et étudiée à la fois en identification et en paléopathologie.

>    Définition :

A la fois attrition et abrasion dentaire sans distinction de cause

- Attrition= perte de substance dentaire résultant du contact dent à dent, que celle-ci soient adjacentes ou sur deux arcades opposées

- Abrasion= perte de substance dentaire due à des corps étrangers en contact avec la surface dentaire

Echelles d'usure varient suivant les auteurs

>    Mécanisme de l'usure dentaire =la fonction et l'âge Facteurs :

Régime alimentaire ( Carnivore, végétarien .omnivore) Préparation de la nourriture

>    Méthodes d'observation: directe ou microscope électronique à balayage

 

3.6.moyens d’étude

>    Observation directe

>     les moulages

inconvénients : mise à jour, fragile, différenciation difficile entre type d'obturation et couronne apport : rugoscopie et étude des morsures

>    techniques radiographiques et photographiques

orthopantomogramme, image radiologique des sinus maxillaires .autres incidences : rétro alvéolaires, bite-wing, photographies

 

4.La fiche dentaire post-mortem

 

4.1.schéma dentaire

caractéristique d'une absence ante et post mortem  / cicatrisation osseuse

 

4.1.1 schéma dentaire post-mortem en anthropologie

schéma anthropologie ; craniométrie

légende

(+) =  dent incluse  

  +  =  dent présente

(-) =  dent absente ante-mortem  [CAM = chute ante mortem]

  -  =  dent absente post-mortem [CPM = chute post mortem]

 

4.1.2. schéma dentaire post-mortem en identification

d'après la FDI : denture permanente et denture temporaire

 

4.2. les éléments observés et notés

>    but : maximum de renseignements en vue de l'identification

>    une fiche standart établie par Interpol

- le nombre de dents

préciser le nombre de dents présentes

nombre de dent absente ante-mortem, post-mortem

noter la présence de diastème

dent surnuméraire

- les particularités anatomiques

- les particularités de forme, position volume

- les particularités en rapport avec les habitudes alimentation, fumeurs, habitudes professionnelles

-les particularités traumatiques : fissures, ébréchures, craquelures, fractures, abrasions

-les pathologiques caries tumeurs, dystrophies de l'émail et de la dentine anomalies de teinte autres : abrasion, rhizalyse,mylolyse

-les particularités restauratrices les plus personnalisées, de plus elle sont souvent noter par le praticien particularités liés aux obturations particularités prothétiques prothèse fixes ou amovibles : matériaux, forme, nombre de dents concernées, limites -les piercing, strass .tatouages cliss....

-En conclusion : l'aspect général ( hygiène, soins suivis...)

>     apport de l'informatique : intérêt, avantages

 

4.3.rapport inter-maxillaire

l'occlusion détermine le rapport intermaxillaire qui détermine l'étage inférieur indice facial total

 

4.3.1.occlusion

état défini par un ou des contacts entre dents antagonistes

 

4.3.2.occlusion de convenance

position d'où partent et où reviennent tous les mouvements mandibulaires pour laquelle l'engrènement et le nombre de contact occlusaux sont maximaux. Dépend de facteurs osseux et musculaires .

 

5. La fiche dentaire ante-mortem

la fiche dentaire : antemortem, but de soins et pas d'identification propre à chaque praticien : soins conservateurs, soins prothétiques.extractions particularités pas toujours notées : travail de reconstitution en fonction des dates.

 

5.1. schéma dentaire

5.2.éléments du dossier

5.3. examens complémentaires disponibles

5.4. synthèse

 

6. méthodes comparatives

 

6.1.identification par comparaison des dentures

la comparaison des fichiers peut permettre une exclusion définitive, une identification probable, impossible ou certaine. ( critère d'identification absolu)

 

6.2.les comparaisons craniofaciales et faciales

ces méthodes font intervenir une étude de l'étage inférieur de la face : l'étude dentaire et du rapport intermaxillaire est indispensable.

>     Historique : cas Ruxton Angleterre 1935 Dr Brash JC professeur en anatomie

>     En fonction des éléments à disposition:

-photographies personnelles ou issues d'un fichier

-cassettes vidéo

-radiographies ante-mortem et les pièces à identifier : un crâne ou à une photographie ou à un extrait vidéo, on établit un protocole

>    Craniophotocomparaison : Comparaison entre le crâne dessiné et la photographie du ou des disparus semblant lui correspondre

Méthode anthropologique

Identification comparative et évaluative

Eliminer ou retenir une identité possible

Principes : [R.¨Perrot, 1996]

Utilisation de valeurs indiciaires et angulaires

Intérêt : pas de recherche d'échelle commune

Méthodologie : 3 étapes

- Etude descriptive et métrique du crâne : analyse anthropologique ( diagnose sexe, âge, morphophénotype, particularités morpho et patho) analyse odontologique dessin au dioptrographe photo du crâne

- Etude faciométrique de la photo : étude anthropologique comparative, caractéristiques permettant de déterminer si la personne est édentée partiellement ou totalement et réhabilitée prothétiquement

- comparaison : positionnement des points et paramètres de référence qui fait appel à l'anthropologie du squelette crânien et anthropologie du vivant et odontologie

>    Photocomparaison  : comparaison entre deux photos

>    Superimposition : comparaison entre le crâne dessiné ou photographié ou radiographié et la photographie du sujet disparu, à la même échelle, en superposant les deux

>    La vidéocomparaison est la comparaison entre une vidéo dont on a tiré un plan fixe et la photographie de l'individu présumé ( VAM par exemple) .méthode anthropologique comparative

 

6.3. les empreintes génétiques

1985 : Jeffreys propose une méthode d'identification biologique hautement spécifique fondée sur l'étude de l'ADN

>    marqueurs biologiques de l'individualité : polymorphisme exempt de toute ambiguïté et permettant une stratification homogène de la population marqueur ayant la même expression dans toutes les cellules de l'organisme (présence constante) marqueurs accessibles aux techniques disponibles à l'heure actuelle technique sensible et fiable avec quantité de matériel faible   ( moitié disponible pour contre-expertise)

>    dans l'ADN : génomique ( noyau) mitochondrial

>    l'ADN peut être extrait de la pulpe dentaire ( non altérée) après ouverture de la dent et incubation de la pulpe dans un tampon de h/se :  l'Adn extrait de la pulpe semble stable et résiste durant trois semaines à des PH variant de 3 à 7 ainsi qu'à des températures allant de 4 à 25 °

dégradations notables quand les dents sont placées dans la terre durant plusieurs semaines : pas d'intérêt pour l'Homme fossile

seulement en IAAL

identification biologique utilisation des protéines

 

7. méthodes reconstructives

 

7.1.détermination de la nature dentaire d’un fragment :

examen micro : structure de l'émail, dentine ou cément

 

7.2 détermination de l’espèce

morphologie caractéristique : couronne et racine dans le même axe à la chaleur, les dents se courbent et diminuent de volume

 

7.3 détermination du groupe phénocutané:

 impossible mais quelques critères à retenir : Incisives en pelle : chinois et mongols, MI a 3 racines : chinois, mongols, malais, malgache Perles d'émail occlusales : mongoloïdes

 

7.4. détermination du sexe 

peu fiable : indice de largeur des I largeur ILSxl00/ ICS

critères osseux : mandibule et angle goniaque [Cf. Précis d'anthropobiologie ]

 

7.5. Détermination de l’âge

 

7.5.1.période in utero et enfance

observation des différents stades de calcification et d'éruption des dents temporaires et permanentes valable pour un enfant en bonne santé et d'un pays déterminé

 

7.5.2.âge adulte

 

>    méthode repose sur l'étude des modifications de la structure dentaire au cours de la vie

>    6 paramètres en rapport avec l'âge notée de 0 à 3

usure des surfaces occlusales des dents par leur antagonistes : A parodontose P dentine secondaire S

apposition cémentaire C                                                    ,

résorption radiculaire R translucidité T

grâce à ces facteurs et à une équation, nous obtenons un indice reporté sur un graphique âge obtenu à 10 ans près

 

seuls sont pris en compte les critères T et P = méthode de Gustafson simplifiée

 

7.6. Détermination du groupe Sanguin ABO

possible sur une dent saine ou très peu cariés car la présence d'antigènes bactériens peut fausser les résultats

 

7.7 Détermination du lieu de soins et du niveau socioprofessionnel

l'hygiène dentaire et la qualité des soins ne sont pas des indices certains.

Pour le lieu, les techniques endocanalaires et la composition de certains matériaux peuvent être de bons indices

 

8 Conclusion :

connaissance de la morphologie dentaire est un maillon essentiel en anthropo physique, qu'elle soit en paléoontologie, anthropologie ou dans le cadre de l'identification ML.

 

 

 

 

 

 

 

 

  Révision de la page 19/11/2014