Guillaume de Salicet
( 1201-1277 )
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Etude des textes médicaux
anciens
Extrait de texte
1 - Notice
biographique
[d'après
P. Theil,
1969
. L'esprit
éternel de la Médecine. T.3, Le Moyen-Age
européen. La Médecine praticienne. Paris, 458
p.]
Guglielmo de Saliceto est né vers 1201 à
Saliceto (d'où son nom) petit hameau, à
quelques kilomètres de Plaisance, en Italie.
Il reçoit la tonsure dans l'ordre des
Dominicains. Sa carrière professorale commence
à Vérone en enseignant la
Physique
[c'est-à-dire la
médecine par opposition à la chirurgie :
l'anglais actuel a conservé ce terme : un
physician étant un docteur en
médecine]
, mais c'est
surtout à Bologne qu'il va s'illustrer, et en
devenir une des gloires. Salicet représente
parfaitement l'heureuse alliance entre
médecine et chirurgie. Maître de Guido
Lanfranchi et de
Henri de
Mondeville
, il va susciter
à travers eux, l'esprit chirurgical de la
France du XIV°. Auteur de deux ouvrages
médicaux, c'est sa Cyrurgia (terminée
en 1275, deux ans seulement avant sa mort,
survenue en 1277 ) qui le rend célèbre.
Bien qu'elle ne s'impose pas par des notions
techniques très remarquables ou originales
elle n'en présente pas moins un tableau vivant
et complet de ce que fût l'art chirurgical
européen dans le siècle de Saint-Louis .
Guillaume de Salicet est le premier à
abandonner la cautérisation au fer rouge
(prônée par
Abulcasis de
Cordoue
) au profit du
bistouri.
Sa Chirurgie est divisée en 5 livres dont sont
importants pour nous les II et III
:
Le livre second est intitulé "des plaies et
contusions produites au corps humain depuis la
tête jusqu'aux pieds, en énumérant les
chapitres au nom de Dieu".
Le livre III, traite "de l'algèbre,
c'est-à-dire de la
restauration
[le mot
algèbre est très caractéristique de
l'influence arabe sur la terminologie médicale
et chirurgicale du Moyen-Age, en effet, il est
l'adaptation en français de "Al djaber el
mogabelah" c'est-à-dire "art des
restaurations
osseuses"]
qui convient
à l'endroit de la fracture et
dissolution
[ce terme, du
latin dissolutio, séparation des
parties, est très employé au Moyen-Age et
désigne une solution de continuité, telle
fracture ou
luxation]
des
os".
2 - Sources bib1iographiques
Nous avons utilisé la traduction de Paul
Pifteau, publiée en 1898, à
Toulouse.
3 - Extrait de
texte [cf. Guillaune de
Salicet
/
PDF (2,3 MO /
2.11 MB)]
Chapitre II - De la percussion
de la tête, avec plaie par flèche,
etc.
Lorsque le médecin arrivera auprès
de quelqu’un qui est blessé à la
tête avec chose semblable, comme
flèche, ( ... ) et que la flèche
ait pénétré dans le crâne ( ... )
si elle n’a pas pénétré jusqu’à sa
profondeur, avant que tu te
disposes à faire l’extraction de
la flèche tu couperas les cheveux
selon la manière dite plus haut (
... ), et alors agrandis la plaie
avec le rasoir, afin que la flèche
ait une libre issue, et que par le
fait de son enfoncement ou de sa
pénétration dans les nerfs et les
fibres de la chair et de la peau
elle ne soit pas arrachée avec
grande difficulté et douleur. Et à
cause de cela il faut tacher, dans
l’agrandissement de l’ouverture de
la peau et de la chair, d’aller
jusqu’à la profondeur à laquelle
la flèche est arrivée, afin que tu
puisses plus facilement travailler
avec tes instruments, avec tes
tenailles, ou avec tes pinces, ou
autres le ce genre, à extraire la
flèche, toujours en évitant la
douleur autant que possible. Et la
flèche étant extraite, que le
médecin procède tout de suite au
moyen de la phlébotomie ou de la
scarification ,selon qu’il lui
semblera d’après la faiblesse ou
la force du malade, et au moyen du
clystère ou du suppositoire
susdits et de la même manière,
ainsi qu’au moyen des onctions
extérieures et des infusions, ou
emplâtres, ou onguents
mondificatifs, comme il a été dit
plus haut ( ... ). (
Mais
si le malade
) était
dans une telle faiblesse que,
d’aucune manière, il ne puisse
supporter l’extraction de la
flèche, que celle - ci soit
laissée encore ainsi pendant
quelques jours en l’adoucissant de
la manière susdite et si, jusqu’à
ce temps, il paraissait que la
flèche ne puisse être extraite,
qu’elle soit laissée ainsi jusqu’à
la fin de la vie du malade, afin
que la nature travaille seule à
son expulsion par le progrès du
temps, comme cela a été vu
plusieurs fois dans la pratique,
et deux fois, dans mon temps, j’en
ai vu l’expérience. Mais si le
patient a encore quelque force et
le jeu de son intelligence en bon
état, que la flèche soit alors
enlevée de cette manière avec tes
instruments de fer :
premièrement, avec tes instruments
de fer, tu enlèveras quelque peu
de l’os sain qui est autour de la
flèche, tout autour,
circulairement, afin que plus
légèrement, avec un moindre effort
et sans grande douleur, et aussi
sans commotion de toute la tète et
du cerveau, la flèche puisse être
arrachée par le
médecin.
Chapitre
III
-
De la
plaie au nez ou à la face avec
épée ou flèches,
etc.
La plaie au nez ou à la face,
faite avec épée, glaive et
semblables, est faite parfois dans
le sens de la longueur du nez,
parfois selon Sa largeur.
Néanmoins, si elle est faite selon
la largeur ou la longueur, c’est
cependant une plaie parfois large,
parfois étendue, parfois étroite.
Semblablement, elle est parfois
large avec perte d’os et de peau,
parfois avec perte ou lésion de
l’os seulement, parfois avec
lésion de l’os et non point avec
perte.( ... ) Mais si la blessure
a été faite avec une flèche,
remarque tout d’abord si la flèche
est apparente à la vue ou non. Si
elle est apparente, alors
aussitôt, à la première visite,
mollifie et fortifie la partie
avec huile rosat, graisse de
poule, jaune d’œuf et un peu de
safran mêlés et chauds, s’il ne se
produit pas d’écoulement de sang,
parce qu’alors procède tout de
suite avec les remèdes connus qui
arrêtent le sang, et ce jusqu’à
son arrêt ; ensuite avec le
médicament susdit, jusqu’à
parfaite mollification de la
flèche et de la partie. Et si les
laïques ( ... ), ou tes amis te
sollicitent pour que la flèche
soit extraite tout de suite, et
qu’il soit évident pour toi que la
flèche est entrée peu profondément
dans le membre, de sorte qu’elle
puisse être extraite avec assez de
facilité et sans grande difficulté
et sans accident pour le malade (
... ), tache d’extraire la flèche
de cette manière : prends le
manche de la flèche entre les
tenailles dentées et affermis—les
bien en pressant bien avec les
mains sur la partie postérieure
des tenailles, afin que les dents
des tenailles s’impriment
fortement dans le manche de la
flèche, et lorsque tu auras fais
ainsi, tourne les tenailles à
droite et à gauche, et ensuite tu
ramèneras la flèche au point où
elle a été en premier lieu, ou à
travers lequel elle est entrée
tout d’abord, et ainsi tu pourras
extraire la flèche directement,
sans difficulté, lorsque la flèche
aura déjà fait elle - même Sa voie
par le tour que tu lui auras fais
faire à droite et à gauche et
réciproquement. Laquelle flèche
ayant été extraite de la manière
dite, tu rempliras la plaie avec
des bourdonnets d’étoupe ou de lin
trempés dans huile rosat, jaune
d’oeuf, safran, mêlés et chauds,
sans tasser beaucoup les
bourdonnets, et que cela soit
continué jusqu’à trois ou quatre
jours et ensuite commence à
mondifier la partie avec miel
rosat, térébenthine, farine
d’orge, farine de fenugrec, myrrhe
et sarcocolle. Car cet emplâtre
mondifie et calme la douleur.
Cette mondification étant faite,
ou une plus énergique si elle a
été nécessaire, soit la partie
incarnée avec poudre d’encens,
mastic, sarcocolle et adragant.
Soit ensuite consolidée avec
poudre de noix de cyprès, momie,
écorces de grenades, galles et
autres de ce genre, ou bien qu’il
soit procédé avec les onguents
faits avec ces poudres selon la
règle donnée plus haut dans les
autres chapitres. Mais si la
flèche ne se manifeste pas à la
vue, cherche alors si elle ne
serait pas dans le nez ou
ailleurs, en explorant avec ta
sonde dans lequel des deux points
elle se trouve, dans la cavité du
nez ou ailleurs, etc., et si tu ne
la trouves pas d’aucune manière,
alors mollifie et fortifie
toujours la partie avec huile
rosat, jaune d’œuf, graisse de
poule et safran, jusqu’à ce que la
flèche se manifeste à ta vue par
l’effort de la nature et si elle
ne se manifeste pas, alors
consolide la plaie et abandonne la
flèche, si, par ce procédé, la
plaie peut se consolider, et si tu
ne vois pas que tu puisses
l’arracher par quelque moyen.
Souvent, en effet, et remarque -
le bien, la flèche abandonnée se
manifestera à toi par cette voie
même, naturellement. Quelquefois
même la nature, dans son
ingéniosité, la pousse à la place
convenable pour qu’elle soit
extraite ; et alors, facilement et
sans difficulté, ainsi que sans
grande incommodité pour le
patient, elle sort d’elle - même,
ou quelquefois enfin, ainsi
abandonnée, elle se manifeste à
toi de telle sorte que le malade
l’extrait lui - même, ou du moins
le médecin, avec facilité. Mais si
la flèche n’apparaît pas, mais se
manifeste à toi par le contact de
ta sonde, et non à
la vue, alors tâche de mettre de
l’huile rosat sur le manche de la
flèche, et de mollifier toute la
partie de la blessure avec la même
huile, pendant quelque temps, et
lorsqu’il te semblera que la
partie est suffisamment mollifiée,
cherche le moyen de placer dans le
manche de la flèche une sonde
faite avec crochet, et tache de le
faire, et enfonce le crochet dans
1’ouverture du manche jusqu’au
vide intérieur du manche
(
l’auteur désigne soit le manche
creux de la flèche, soit la
douille par laquelle le fer était
assujetti au manche d’une manière
plus ou moins solide car
«
on le
fixait parfois assez peu pour
qu’il restât sûrement dans la
plaie, et provoque le
tétanos » ) fais alors des
tractions pour retirer la sonde à
l’extérieur et tâche d’extraire la
flèche au moyen de ladite sonde
recourbée, si c est possible. Mais
si cela ne te semble pas encore
possible, alors tu reviendras à
ladite mollification de la plaie
et à la dilatation de l’orifice. (
... ) Mais si, cachée ou visible,
la flèche est barbelée, alors
place une canule d’airain sur
chaque barbe, ou une canule de
plume d’oie, et saisis alors le
manche de la flèche avec tes
tenailles et extrais à
l’extérieur. Car alors, en
enlevant la flèche, ces barbes ne
pourront s’ introduire dans les
tissus à cause de la canule
d’airain ou de plume d’oie,
empêchant la pénétration et s’y
opposant. La flèche étant enlevée
et extraite de la manière dite,
qu’il soit alors procédé à la cure
comme il a été dit plus haut. Mais
si le miel rosat, la myrrhe, la
farine d’orge, etc., n’étaient pas
un mondificatif suffisant, que la
partie soit alors mondifiée avec
l’onguent des apôtres, ou vert (
... ). Après le mondificatif, tu
t’appliqueras à l’incarnation et à
la consolidation selon la manière
donnée plus haut. Que la diète du
patient soit, au début, comme
celle qui a été dite dans les deux
chapitres précédents, ou mie de
pain lavée plusieurs fois dans eau
cuite, sucrée, mêlée avec verjus
ou vin de grenades ; ou bien soit
suc d’orge ( ... ) Et qu’il ne
mange de viande et ne boive de vin
d’aucune manière, et que le
patient fasse cela jusqu’à ce
qu’il soit en sécurité
relativement à l’apostème, s’il
est fort et robuste d’énergie,
d’âge, de constitution et des
autres qualités. Mais s’il est
faible, qu’on lui donne alors
viandes de poulet, ou de chevreau,
ou de veau, cuites avec lesdites
herbes ou semences communes. Qu’on
lui donne aussi, dans la suite,
chair de perdrix, de faisan,
d’oiseaux des bois et non point
des marais, oeufs à la coque, jus
des viandes susdites, mie de pain
apprêtée avec ces jus, avec oeufs
en forme de brouet, et bref qu’il
use de mets de digestion
douce
( ... ). Que la boisson soit, dès
le début, l’eau de décoction
d’orge, avec sucre rosat vieux, ou
une boisson de ce genre, froide et
sèche. Mais vers la fin, et du
moins, après sécurité relativement
à l’apostème, il peut user de vin
noir, faible ou vert, avec eau de
sucre rosat cuite ( ... ) etc., et
qu’il soit ainsi
réglé.
Chapitre V - De la plaie au cou,
avec épée, ou flèche,
etc
.
Les plaies qui sont faites au cou
par épée et semblables se font
selon la longueur on selon la
largeur et, avec cela la nuque est
b1essée ou non. ( ... ). J’ai vu
un homme blessé avec une flèche à
la nuque, dans le cou, frère de
Henri Cinzarius de Crémone, qui
aussitôt après avoir été frappé
perdit la sensibilité et le
mouvement dans tous les membres,
au - dessous de cette partie
blessée de la nuque, de telle
sorte que chaque jour il perdait
dans le lit, sans le sentir, les
superfluités de la première et de
la seconde digestion. Bref, après
avoir exposé aux parents ma
désespérance de sa vie et le
pronostic de mort, je l’ai guéri
et je l’ai tellement rétabli,
qu’il pouvait s’en aller, avec
deux bâtons, à travers la ville,
et il vécut encore pendant dix
ans. J’ai vu une autre fois à
Crémone un certain du nom de
Gabriel de Prolo, blessé à la
jambe sur le focile, avec une
flèche qui perfora jusqu’à l’os et
ne lésa pas l’os ; et ce fut une
flèche d’arc (
par
opposition au carreau
d’arbalète : cf.
glossaire
), comme
il m’était raconté, et bref, avec
tous les moyens et médecines, la
nature ne put ainsi empêcher qu’il
ne survint un frisson violent et,
en vérité, il fut presque mort
pendant un mois. Tu sauras donc
que le frisson survenant dans une
blessure du cerveau, de la nuque,
signifie qu’elle a pénétré dans le
cerveau, ou la nuque, ou les nerfs
nobles et souvent que la mort doit
arriver. Et s’il y a fièvre avec
insomnie, perte de l’appétit,
affaissement de tout le corps,
cela présage sans doute la mort.
Et s’il survenait le flux du
ventre, la fièvre ni le frisson ne
faisant défaut, cela signifie
encore la mort. Mais si, par le
bénéfice du flux, ces sympt6mes
étaient écartés et cessaient, ils
ne signifieraient pas alors un
mal, mais plutôt un bien et la
vigueur de la nature sur
l’infirmité et sur sa cause. Quant
à la diète, dans ce cas, au début,
au milieu et à la fin, il en a été
assez parlé dans les précédents
chapitres, selon qu’il convient
dans toutes les blessures, et
aussi de la boisson ; c’est
pourquoi je ne le répéterai pas.
mais tu sauras que le vin excite
le cerveau et les nerfs plus que
quelle autre chose que ce soit. En
conséquence, fais s’abstenir de
vin, autant que possible, les
malades ainsi blessés, parce que
ce sera bien pour eux, à moins que
l’habitude du malade pour le vin,
ou son âge avancé, ou sa
faiblesse, ou autre cause de ce
genre ne te porte à consentir pour
lui à son usage modéré.( ...
)
Chapitre XVII
-
De la plaie de la hanche, avec
épée ou flèche,
etc.
Lorsqu’il arrive que l’endroit de
la jointure de la cuisse avec la
hanche est blessé, telles plaies
ne sont point
redoutables
si ce
n’est par le fait de la grosseur
du membre et de sa nervosité, et
de la lésion de sa ligature, de
laquelle lésion résulte la
claudication à la fin de la
curation, comme je l’ai dit
plusieurs fois. Si donc une
flèche, blessant un tel endroit, a
pénétré dans l’os ischion ou de la
hanche, alors avec ton habile
ingéniosité et subtile
investigation, extrais la flèche
au moyen de la mollification de la
partie avec huile rosat, graisse
de poule et un peu de safran mêlés
et chauds, et au moyen de
l’élargissement suffisant de la
plaie, dans la peau et chair, avec
le rasoir. Laquelle flèche étant
extraite selon le mode dit au
chapitre de la plaie à la tête,
alors remplis toute la plaie avec
bourdonnets trempés dans huile
rosat et safran chauds, pour la
première visite, jusqu’à trois
jours, lorsque la sanie commencera
à se produire, à moins que tu ne
sois contrarié par l’écoulement du
sang au moment de l’élargissement
et de l’extraction, parce qu’alors
efforce - toi d’y parer aussitôt,
comme je l’ai dit autres fois. Et
autour de l’endroit tu feras
onctions copieuses avec bol
d’Arménie, huile rosat, vinaigre,
suc de solathre, suc de plantain,
suc de joubarbe et autres de ce
genre, mêlés à un peu de safran.
Et sur toute la plaie mets ce dit
médicament que tu mettais dans la
plaie, de jaune d’oeuf, huile
rosat et safran, mêlés et chauds,
et cela jusqu’au temps susdit,
soit trois jours Ou environ,
jusqu’à ce que la sanie commence.
Tu mettras ensuite ce
mondificatif, et dans la plaie
avec bourdonnet, et sur la plaie
Prenez de miel rosat passé en
colature 5 livres, de farine de
fenugrec, de farine de graines de
lin, de fleurs de camomille bien
pulvérisées, de chaque 1once, de
farine d’orge, de farine de
lupins, de chaque 5 onces, d’huile
de camomille, d’huile d’aneth, de
chaque 3 onces. Soient toutes ces
choses incorporées ensemble avec
vin suffisant, et faites - en
usage comme j’ai dit. Cet
emplâtre, en effet, est en partie
mondificatif, en partie sédatif de
la douleur, et très utile dans ce
cas. Que toute ton application,
dans ce cas, soit en effet pour
calmer la douleur et éviter
l’apostème, parce qu’il n’échoit
rien de suspect si ce n’est pas le
fait de ces deux choses. Que la
diète, dans l’aliment et la
boisson, soit celle qui a été dite
au chapitre de la plaie à la
caissette, au dos et aux
intestins. Mais si la plaie était
faite en ces endroits avec épée ou
semblables, de manière qu’elle eut
besoin de suture, qu’elle soit
alors suturée dans toutes les
règles de suture dites au chapitre
de la plaie au cou, et à la gorge,
et aux autres chapitres. Et dans
la cure de telle plaie soit
procédé comme j’ai dit plusieurs
fois dans les autres chapitres.
Que la phlébotomie et l’évacuation
du ventre ne soient pas non plus
omises ici, afin que la partie
n’enfle pas à cause de son
voisinage avec les intestins
contenant excréments, parce que
c’est très utile, et c’est pour
cela que tu ne l’oublieras pas,
parce que tu t’en trouveras bien
dans la cure ( ...
).
Chapitre
XIX
-
De la
plaie au genou, avec épée ou
flèche,
etc.
.
Les endroits du genou sont très
redoutables et mortels lorsqu’une
plaie y est produite, du moins par
dessous , dans la portion de cette
concavité qu’on trouve à la partie
antérieure du genou, sous la
rotule, et ces parties sont à
l’extrémité du petit et du grand
focile
(
la fibula
et
le
tibia
) car en
cet endroit se continuent et
s’unissent de nombreux nerfs
considérables et nobles venant du
cerveau et de la nuque ( ...
).
Chapitre
XX
-
De la
plaie de la jambe,
avec
épée
ou
flèche,
etc
.
Sur le petit focile de la jambe, à
la partie antérieure et intérieure
se trouvent d’importants lacertes
(
muscles
),
descendant immédiatement du genou
et ( ... ) surtout du cerveau et
nuque. D’où lorsqu’une plaie est
faite en cet endroit, et
spécialement avec flèche et
semblables , elle est très
redoutable et, dans notre temps,
nous en avons vus beaucoup périr.
Si donc une flèche ou autre
semblable est entrée dans la
jambe, ou du moins dans ledit
endroit, et avec cela sera entrée
dans la substance de l’os, alors,
tout de suite, selon l’ordre
accoutumé plusieurs fois dit,
mollifie la place où est la flèche
et toute la plaie avec huile rosat
chaude et un peu de safran, ou
avec graisse de poule mêlée à ces
choses, et bref dispose la partie
pour la facile sortie de la
flèche, ou bien avec ledit
mollificatif, ou même avec une
habile incision faite avec
prudence. Et alors extrais la
flèche délicatement selon les
règles données au chapitre des
plaies de tète avec flèches.
Laquelle étant extraite, remplis
de suite la plaie avec huile rosat
chaude et un peu de safran, sans
introduire de tente jusqu’au fond
de la plaie, mais seulement
l’huile susdite, en plaçant
cependant une tente dans
l’orifice pour qu’il ne se ferme
pas, superficiellement, comme je
l’ai dit plus haut de la plaie à
la cuisse et au genou. Mais autour
de la plaie soit mis défensif de
bol d’Arménie, huile rosat,
vinaigre, suc de solathre, de
joubarbe, de plantain, eau de
roses et semblables, avec un peu
de safran, et cela soit fait
depuis le début jusqu’à la fin. Et
que l’huile susdite soit mise dans
la plaie comme j’ai dit, Jusqu’à
trois jours ou à peu près, jusqu’à
ce que la sanie commence de
paraître et que tu sois en
sécurité par rapport à l’apostème.
Mondifie ensuite la partie selon
les règles données ( ... ), et ta
mondification étant faite, soit la
partie incarnée et consolidée
comme j’ai dit plus haut. Et s’il
sortait peu de sang de la plaie et
que la force et l’âge et les
autres conditions ne s’y opposent
point, soit fait phlébotomie ou
ventousation et soit administré
clystères ou suppositoires
susdits. Bref, que la diète dans
la nourriture et boisson soit
réglée aussi comme j’ai dit. Et
n’aie de crainte en aucune façon
relativement à l’os lésé dans ce
cas, parce qu’il sera bien
mondifié par ce procédé, grâce au
dit mondificatif. Mais si tu est
empêché dans l’acte de
l’extraction de la flèche par
l’écoulement du sang, tourne
aussitôt tes efforts vers sa
répression, reviens ensuite au
mode maintenant dit. Et si la
plaie est grande, soit longue,
soit large, ayant besoin de
suture, et avec écoulement
abondant de sang, alors tu
rapprocheras de suite et tu
coudras les parties de la plaie
l’une contre l’autre,
convenablement, comme au chapitre
de la plaie au cou ; puis applique
- toi immédiatement à la
répression du sang, et tu ne
manqueras pas de mettre sur la
suture la poudre conservative
plusieurs fois dite ; et laisse la
partie ainsi liée jusqu’au jour
suivant, ou plus, jusqu’à ce que
tu sois assuré de la répression du
sang. Procède ensuite avec le
mollificatif et sédatif de la
douleur fait de jaune d’oeuf,
huile rosat et safran, jusqu’à la
production de la sanie ; puis
mondifie, incarne et consolide
comme tu as appris. Règle comme tu
as appris plus haut la
phlébotomie, la diète,
l’évacuation du ventre, le
défensif et les autres choses.
Mais si l’os de la jambe a été
coupé transversalement en
totalité, de telle sorte que les
parties ne puissent adhérer l’une
avec l’autre, alors rapproche -
les convenablement et délicatement
avec tes mains ; puis tu
rapprocheras les parties de chair
et de peau au moyen d’une suture
convenable sur laquelle tu
répandras la poudre conservative
plusieurs fois dite tu oindras
ensuite copieusement autour de la
plaie avec le défensif susdit au
présent chapitre, puis avec
tampons convenables et faits
d’étoupe, roulés dans blanc
d’oeuf, huile rosat et safran, lie
la partie au moyen d’une bande
convenable, ( ... ). Et procède
ainsi jusqu’à la production du
pore sarcoide (
le
cal osseux
) liant
ensemble les parties de l’os. Et
dans la plaie et sur son orifice
mets, pour ce temps, jusqu’à
production de sanie, jaune d’oeuf
avec huile rosat et safran. De
même pour la diète dans la
nourriture et boisson, et
phlébotomie, et scarification, et
évacuation du ventre, soit procédé
comme dessus, excepté qu’après
assurance relativement à
l’apostème le malade soit réglé
avec aliments durs et visqueux,
comme sont viscosités ou
extrémités des animaux et autres
substances de ce genre, mets faits
de pâte, etc. ( ...
).
Chapitre
XXII
-
De la
plaie du peigne du pied, avec
l’épée ou flèche,
etc
.
Lorsque cet endroit est percé avec
une flèche ou autre objet aigu, ou
par une plaie avec épée ou autre
de ce genre, il faut toujours
considérer si la flèche a percé
tout ou partie, et alors le lieu
de la plaie et de la flèche étant
mollifié selon la coutume, comme
dessus, et bref, les règles de
l’extraction de la flèche étant
observées, qu’elle soit extraite
et que la plaie soit remplie avec
huile rosat chaude et safran, sans
pousser la tente au fond de la
plaie, mais en la mettant courte
et grosse et imbibée de la dite
huile, dans l’orifice de la plaie,
de peur qu’il se ferme, et cela
jusqu’à trois jours ou environ,
jusqu’à ce que la sanie commence à
se produire dans la partie. Qu’il
soit ensuite procédé avec
mondificatif. incarnatif et
consolidatif, exactement comme
dessus. Et qu’on n’ omette jamais
autour de la plaie le défensif de
bol d’Arménie, myrte, roses, huile
rosat, vinaigre et sucs froids,
comme au chapitre de la plaie à la
cuisse et au genou, ni la
phlébotomie au commencement, ou la
scarification, selon qu’il est
expédient, ni l’évacuation du
ventre, ni la diète due, toutes
choses qui ont été dites
clairement plus haut. En faisant
toujours la répression du sang,
principalement si au moment de
l’extraction de la flèche il te
contrariait, en revenant ensuite
au mode maintenant dit. Mais si la
plaie est grande et large, de
telle sorte qu’elle ait besoin de
suture et que l’os soit coupé au
point qu’il y ait là des portions
d’os tellement séparées de l’os
sain, ni par l’art du médecin, ni
par la vertu de la nature, que ses
parties soient alors, avant toutes
choses, enlevées délicatement, et
le reste de l’os ramené et réuni
corne il faut avec tes mains.
Soient ensuite les parties de
chair et de peau convenablement
cousues selon les règles du
chapitre de la plaie au cou, et
soit la suture conservée avec la
poudre, connue dessus, en laissant
à la partie plus déclive de la
plaie un orifice connue j’ai dit
d’autres fois, dans lequel, avec
une tente, et sur la plaie avec
des tampons d’étoupe, soit mis le
médicament de jaune d’oeuf, huile
rosat et safran, jusqu’à
production de la sanie, et autour
de la plaie soit mis le défensif
de bol d’Arménie, etc., dit au
présent chapitre et plusieurs fois
ailleurs. Puis soit la partie
convenablement liée et soit
ensuite mondifiée, incarnée et
consolidée comme tu l’as appris
plus haut par rapport aux autres
plaies( ... )
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Page révisée le 06/07/2105
Notice biographique extraite de "
Glossaire de la matière médicale employée par les
chirurgiens médiévaux dans le traitement des
blessures
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http://perso.wanadoo.fr/raoul.perrot/
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